Je préfère qu’ils me croient mort
Auteur : Ahmed Kalouaz
Roman jeunesse paru en novembre 2011
Après avoir été repéré par un agent recruteur, Kounandi quitte son Mali natal à 13 ans pour jouer au football en France. Il rêve déjà de devenir l’un de ces footballeurs africains que s’arrachent les grands clubs européens. Mais il va vite découvrir l’envers du décor : pour un seul élu, des centaines d’autres victimes de ce trafic de jeunes joueurs. Jugé pas assez prometteur, il se trouve rapidement abandonné dans la banlieue parisienne sans argent ni papiers ? Un roman inspiré de faits réels : de centaines de jeunes africains débarquent chaque année en Europe, victimes de filières pas toujours honnêtes.
Touchant et grinçant à la fois, le roman Je préfère qu’ils me croient mort d’Ahmed Kalouaz se veux être le miroir de la réalité inavouée du foot business. L’intrigue commence au Mali, au bord du fleuve Niger dans un petit village conquis comme des milliers d’autres par la fièvre du culte du ballon rond. Ici, comme d’autres partout en Afrique, Kounandi, quatorze ans, va croiser le chemin d’un agent véreux venu chercher sa poule aux œufs d’or. Les quelques flatteries et belles promesses de celui-ci vont extirper le jeune garçon à sa famille et à son Afrique natale, pour faire de lui l’esclave d’un négrier d’un nouveau genre. À cette heure, Kounandi ne perçoit pas les prémisses de son inexorable déchéance. Non, lui se voit marcher dans les pas de l’idole de tout un peuple, Salif Keita. Il sera le nouvel Aigle du Mali, conquerra l’Europe, et foulera les pelouses des plus grands clubs européens. À peine débarqué en France accompagné de deux compagnons de fortune, Kounandi va comprendre très rapidement, alors que le piège se sera déjà refermé sur lui. S’en suivra une longue errance en temps que sans papiers qui le mènera de Paris à Nice en passant par Montreuil ou encore Avignon. Ce périple francophone sera parsemé de nombreuses désillusions footballistiques et humaines qui feront de lui un homme désabusé, et rempli de regrets.
Un texte démuni d’espoir et cruel, narrant une réalité palpable aujourd’hui dans le monde vénal du football professionnel, le livre édité au Rouergue n’est pour autant pas à placer exclusivement dans les mains d’un public averti. Loin des belles pelouses synthétiques des plus grands stades européens, l’auteur nous emmène à la découverte d’une des nombreuses dérives du football moderne. Ainsi, Ahmed Kalouaz nous offre un texte engagé et virulent, mais néanmoins accessible au grand public.
Jérémy Le Pouezard, Comme dans les livres