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RFI - En Italie, la campagne « Aware migrants » veut dissuader les émigrés

Publié le vendredi 29 juillet 2016 , mis à jour le vendredi 29 juillet 2016

Source : RFI

Auteur : Anne Le Nir

Le ministère italien de l’Intérieur vient de lancer, en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une campagne en Afrique du Nord et de l’Ouest pour informer les candidats au départ des « dangers du voyage », entre le désert, la Libye et la Méditerranée centrale. Les messages dissuasifs circuleront, via les réseaux sociaux ainsi que la télévision et la radio, dans une quinzaine de pays de départ. Depuis le début 2016, plus de 3 000 personnes seraient mortes en Méditerranée selon les chiffres l’OIM. 
Et l’Italie, qui héberge actuellement 140 000 demandeurs d’asile, a secouru, avec le soutien des missions européennes et d’ONG comme Médecins sans frontière, près de 90 000 personnes, dont 11 000 mineurs non accompagnés.

Cette campagne institutionnelle de prévention pour les personnes aspirant à rejoindre l’Europe via la Libye, c’est une première ?

En Italie, d’emblée le ministre de l’Intérieur Angelino Alfano a déclaré devant la presse que cette initiative, c’est un peu comme lancer une bouteille à la mer. Autrement dit : diffuser un message d’avertissement en espérant qu’il soit entendu, lu ou vu. Cette campagne d’un coût de 1,5 million d’euros, financée par le gouvernement, et réalisée par l’OIM, cible prioritairement les pays de l’Afrique occidentale d’où proviennent la majorité des migrants qui rejoignent l’Italie via la Libye. Cela, en étant réduits à l’état d’esclaves par les trafiquants d’êtres humains et donc en affrontant des situations extrêmes mais sans aucune garantie sur leur possible avenir en Europe.

Si l’on comprend bien, « Aware migrants », nom donné à ce projet, vise surtout à dissuader les migrants qui ne pourraient pas obtenir le statut de réfugié ?

Cette campagne a l’ambition de décourager avant tout les potentiels migrants dits « économiques » qui, selon le ministre de l’Intérieur italien, « pensent qu’ils trouveront dans un pays européen, plus de démocratie, plus de bien-être, un travail et un logement, sans avoir conscience que leur choix est une illusion et se transformera en cauchemar ». Selon les autorités italiennes, il y a un changement assez net entre le profil des migrants, arrivés en Italie via la Libye, entre 2012 et 2014, et le profil de ceux secourus au large de la Sicile depuis 2015. Actuellement, le premier pays de provenance reste l’Érythrée, soit 25 %, mais il y a une progression de migrants originaires du Niger, du Nigeria, du Mali et de la Gambie ou encore du Soudan. En 2015, 60 % des demandes d’asile en Italie ont été rejetées, au motif qu’elles ne satisfont pas aux critères.

Concrètement, par quels moyens vont circuler les informations ?

Un site web en trois langues - anglais, français et arabe - a été créé, pour diffuser 80 spots vidéo sous-titrés et autant de témoignages audio. Il s’agit de récits brefs et dramatiques de femmes et d’hommes qui racontent leur expérience migratoire, les violences et traumatismes subis. Ce site, qui cible surtout les jeunes de 18 à 35 ans, présente aussi des fiches d’informations clairement expliquées sur les directives européennes.

Par ailleurs, la campagne prévoit des messages dans différents dialectes pour les radios locales et adaptés à toutes formes de réseaux sociaux. Vu d’Italie, il est clair que cette campagne reflète aussi les craintes du gouvernement, face à la gestion des flux de migrants et demandeurs d’asile. D’autant que le système de relocalisation des réfugiés, décidé par l’Union européenne en septembre 2015, ne fonctionne pas ce qui irrite beaucoup Matteo Renzi…

Pour écouter le reportage radio, cliquer ici

Voir en ligne : http://www.rfi.fr/emission/20160729...


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