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Un demi-million d’enfants réfugiés et migrants potentiellement victimes des passeurs et trafiquants

Publié le lundi 5 septembre 2016 , mis à jour le lundi 5 septembre 2016

Source : Unicef France

« De nouveaux chiffres révèlent qu’environ un demi-million d’enfants réfugiés et migrants sur les routes vers l’Europe se seraient tournés vers des passeurs depuis janvier 2015, les délais d’attente et le désespoir les conduisant entre les griffes de criminels prompts à exploiter leur vulnérabilité.

Genève, le 2 Septembre 2016 - Afin de jeter la lumière sur les sombres activités des passeurs de migrants en Europe, et d’améliorer la réponse apportée, l’UNICEF a recueilli des informations de différentes sources – telles qu’ Europol-Interpol, témoignages des enfants eux-mêmes, publications de différentes agences de l’ONU, ONG, ou encore informations rapportées par les médias, et vérifiées.

Les chiffres publiés cette semaine par Eurostat révèlent que plus de 580 000 demandes d’asile ont été déposées par des enfants en Europe* depuis janvier 2015. Etant donné qu’un récent rapport d’Europol-Interpol suggère que plus de 90% des périples effectués par les réfugiés et migrants arrivant en Europe ont été facilités par des passeurs travaillant pour des réseaux criminels, on estime qu’au moins un demi-million d’enfants ont eu recours à des passeurs à un moment donné de leur trajet. Les enfants non accompagnés représentent près de 100 000 enfants sur le chiffre total, et sont particulièrement susceptibles de faire appel à des passeurs.

" Fermer les frontières pousse les enfants à prendre de plus grands risques "

« Fermer les frontières officielles, c’est comme fermer la porte à clé mais laisser les fenêtres ouvertes, ce qui pousse les enfants, en particulier les enfants non accompagnés, à prendre de plus grands risques » explique Marie-Pierre Poirier, Coordinatrice spéciale de l’UNICEF pour la crise des réfugiés et migrants en Europe. « Les Etats devraient construire des systèmes de protection plus importants pour les enfants, et non pas construire des murs plus hauts. »

Bien que l’afflux de réfugiés et migrants ait considérablement ralenti, la fermeture des frontières, le durcissement des politiques migratoires et l’accord entre l’Union Européenne et la Turquie ont conduit ces groupes criminels, à utiliser, pour les réfugiés et migrants, des itinéraires déjà bien établis pour le trafic de drogue et d’armes.

« Les politiques de contrôles migratoires, plutôt que les réels et urgents droits et besoins des enfants réfugiés et migrants, ont souvent guidé les Etats dans leur réponse. S’il existait des options sûres et légales, les enfants et leurs familles ne seraient pas forcés de tomber dans les griffes des passeurs et des trafiquants qui emmènent nombre d’entre eux sur des itinéraires alternatifs dangereux. »

On estime que l’activité des passeurs et la traite humaine s’élève à des sommes entre 5 et 6 milliards de dollars US par an. Le nombre de personnes se lançant dans un de ces périlleux voyages a baissé, mais Europol estime que les criminels ont triplé leurs prix, de nombreux migrants payant maintenant 3 000 dollars pour une seule étape de leur trajet.

Les enfants sortent souvent endettés du fait d’avoir dû faire appel à un passeur. Le règlement de ces dettes les expose davantage aux risques d’exploitation par des trafiquants ; des cas d’enfants non-accompagnés échangeant des services sexuels ont été rapportés en France et en Italie, ainsi que d’autres forcés à travailler ou contraints de commettre des délits.

L’appel de l’UNICEF

Afin d’aider à protéger les enfants réfugiés et migrants, l’UNICEF appelle de manière urgente :

à déployer des efforts beaucoup plus importants pour documenter les activités des passeurs et des trafiquants visant les enfants
à équiper dans les pays de transit, particulièrement en Grèce et en Italie, les acteurs de la protection de l’enfance afin qu’ils puissent fournir une aide individuelle et un soutien à tous les enfants réfugiés et migrants vulnérables, avec une attention particulière portée sur les enfants non accompagnés et séparés de leurs proches.
à effectuer une collecte qualitative de donnés sur les enfants plus rigoureuse, dans ce contexte de réponse à la crise des réfugiés et migrants en Europe.
Quand la qualité de la réponse est améliorée et inclut un entretien individuel dans les 72 heures, un meilleur accès à l’information, la nomination d’un adulte référent comme un tuteur, des retours réguliers sur leur dossier, et un accès amélioré à une assistance juridique, le risque que ces enfants restent invisibles et continuent leur périple avec des passeurs diminue de manière significative.

L’UNICEF a également établit dans des zones clés des équipes mobiles avec des experts de la protection de l’enfance afin de fournir des services aux enfants en déplacement sur les routes, et pour aider à identifier rapidement les enfants pouvant être victimes de passeurs ou de trafiquants. Par exemple, nos personnels spécialisés et partenaires dans les centres pour enfants non accompagnés, dans et autour d’Athènes mais aussi dans le port de Lampedusa en Italie, aident à identifier et à porter assistance aux femmes et aux petites filles qui peuvent avoir été victimes d’exploitation sexuelle. L’UNICEF s’est également engagé dans la surveillance continue et la recherche sur l’impact de l’activité des passeurs et de la traite humaine sur les enfants réfugiés et migrants. »

Voir en ligne : https://www.unicef.fr/contenu/espac...


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