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Grèce. Les jeunes réfugiés coincés dans l’enfer de la prostitution

Publié le lundi 5 décembre 2016 , mis à jour le jeudi 8 décembre 2016

Source : www.courrierinternational.com

Date : 5 décembre 2016

«  Ils viennent dans l’espoir de trouver une éducation solide et une vie meilleure. Mais ils atterrissent dans un milieu où règnent la drogue et la prostitution. Les réfugiés mineurs en Grèce se jettent dans le commerce du sexe pour assurer leur survie. CNN les a rencontrés.

Le plus inquiétant n’est pas seulement que cela se passe au grand jour, au cœur d’une capitale européenne, ou que l’on oblige une population vulnérable à se prostituer ; mais c’est que tout cela était prévisible et aurait pu être évité.

À quelques pas des rues animées de la ville d’Athènes, sur la place Victoria, des hommes d’un certain âge sont assis sur des bancs et font leur choix, souvent parmi de jeunes adolescents. La plupart d’origine afghane, ces adolescents sont venus en Europe rêvant d’aller à l’école, d’améliorer leur vie et celle de leur famille.

Tout commence par des regards qui se croisent, quelqu’un qui demande une cigarette ou adresse un bonjour apparemment anodin.

Le commerce du sexe a toujours existé à Athènes, mais il s’est fortement développé en raison du nombre croissant de réfugiés qui y arrivent. C’est pris dans cette spirale du désespoir que l’on retrouve les mineurs non accompagnés – les adolescents.

Des mineurs de 17 ans ou moins

Un mineur avec lequel nous avons parlé avait 17 ans. Et pourtant, un travailleur social, Tassos Smetopoulos, qui a suivi l’essor du commerce sexuel des jeunes réfugiés, nous a dit qu’il en avait rencontré d’autres bien plus jeunes.

Certains hommes plus âgés proposent de ramener ces jeunes garçons chez eux, ou en discothèque. D’autres leur offrent des vêtements et des cadeaux – ils les traitent comme leur petit ami ou leur mari et leur donnent de d’argent. Pour beaucoup de ces adolescents, c’est simplement l’occasion de dormir dans un lit chaud, qu’il leur est difficile de refuser.

Un des jeunes hommes qui a accepté de nous parler est arrivé en Grèce seul, avec 270 euros en poche et nulle part où aller. Il a atterri dans un milieu où règnent la drogue et la prostitution, alors qu’il est venu en Europe avec l’intention et l’espoir d’acquérir une solide éducation et de pouvoir faire venir sa mère, un jour. Mais c’est les yeux remplis de larmes qu’il nous a avoués qu’il ne sera jamais capable de lui dire ce qu’il a dû faire pour survivre dans les rues.

Les adolescents s’accrochent aux promesses des passeurs, qui parcourent également les parcs. Ils s’imaginent qu’avec suffisamment d’argent ils pourront se rendre illégalement en Europe de l’Ouest et y demander l’asile.

Selon les travailleurs sociaux à qui nous avons parlé, la solution réside dans le long terme. Essayer d’arrêter le commerce qui se déroule dans le parc et sur la place ne fera que déplacer le problème. Ces mineurs ont besoin d’un endroit sûr pour dormir, un moyen de gagner de l’argent pour se nourrir et se vêtir, et pouvoir poursuivre leurs études afin qu’ils ne perdent pas complètement espoir. Mais le problème sous-jacent essentiel est que tout cela est directement lié à la plus grande crise des réfugiés que l’Europe et les organisations humanitaires aient jamais connue.

Pas un seul officiel que nous avons contacté n’a exprimé la moindre surprise. Au contraire, ils ont tous reconnu que “tout le monde est au courant”.
Et tout cela ne fait que perdurer – un symptôme épouvantable d’un accord bancal négocié entre l’UE et la Turquie en mars sur le sort des réfugiés. L’accord a effectivement bloqué les réfugiés, immobilisant quelque 60 000 personnes en Grèce sans programme d’hébergement ni aucun service de base.

Des déclarations restées lettre morte

Le gouvernement grec a déclaré que parmi les personnes qui attendent toujours d’être hébergées, il y avait environ 1 200 mineurs non accompagnés, mais ce nombre est en réalité beaucoup plus important. Une majorité de réfugiés ne se signalent pas auprès des autorités de peur d’être renvoyés chez eux, l’UE ayant déclaré que des pays comme l’Afghanistan sont “sûrs”.

La police grecque a déclaré qu’aucun rapport n’évoquait des mineurs non accompagnés impliqués dans le commerce du sexe dans les deux zones spécifiques où nous nous sommes rendus. Mais ils ont également ajouté qu’ils étaient conscients du problème et qu’ils travaillaient à une solution pour y remédier.

Mais le point essentiel est qu’il y a eu de nombreuses déclarations jusqu’à présent, mais aucune véritable action concrète. »

Voir en ligne : http://www.courrierinternational.co...


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