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Adolescents : ce que grandir à l’hôtel veut dire

Publié le mercredi 18 décembre 2019 , mis à jour le mercredi 18 décembre 2019

Source : Observatoire des inégalités

Date : 17 décembre 2019

Auteurs : Odile Macchi et Nicolas Oppenchaim

Extraits :

«  Des dizaines de milliers de familles sans domicile sont hébergées en hôtel social, parfois pendant des années. Deux sociologues, Odile Macchi (observatoire du Samusocial de Paris) et Nicolas Oppenchaim (Université de Tours), décrivent l’effet de ces conditions de vie sur les adolescents.

(...)

Comment vivent les adolescents placés dans cette situation ? Dans le cadre d’un rapport pour le Défenseur des droits, « Adolescents sans-logement. Grandir en famille dans une chambre d’hôtel », nous avons interrogé, le plus souvent de manière répétée, une quarantaine de jeunes âgés de 11 à 18 ans vivant en hôtel social depuis au moins un an, en région parisienne (et pour un petit nombre à Tours). Cette enquête montre comment l’hébergement en hôtel peut altérer leurs relations familiales et amicales, leur scolarité et leur santé. Leurs conditions de vie et leurs nombreux déménagements les privent du droit à vivre une adolescence comme les autres. Ils ont tous été confrontés, à un moment ou un autre de leur parcours, à des éléments d’insalubrité – comme la présence de punaises de lit par exemple – qui compromettent leur bien-être et entraînent des épreuves quotidiennes au moment de la toilette ou du coucher.

Promiscuité

(...)

Outre la promiscuité et l’insalubrité des chambres, les adolescents se plaignent avant tout d’être enfermés dans un système de règles qui régissent le droit de visite des personnes extérieures à l’hôtel et les usages des espaces communs. Beaucoup d’entre eux déplorent de ne pas avoir le droit de sortir de leur chambre. Cela signifie à la fois ne pas avoir le droit de faire du bruit, de jouer dans les couloirs ou de se rendre dans les étages réservés aux touristes, ce qui limite les jeux des plus jeunes adolescents, mais aussi ne pas avoir le droit de se réunir et de jouer devant l’hôtel, ce qui limite les zones d’échanges pour l’ensemble des adolescents, surtout en l’absence de salles collectives. Le droit de visite se décline quant à lui de manière variable selon les hôtels, laissant la porte ouverte à une multitude de cas de figure, de l’interdiction pure et simple de toute visite personnelle à la permission de visites dans des horaires larges, mais non étendue à la possibilité d’héberger un visiteur.

Une mobilité sans fin

(...) Cette instabilité, conjuguée au temps de transport pour se rendre à l’école, au manque d’espace pour faire ses devoirs au calme, à l’aide aux tâches familiales, ne facilite pas les apprentissages et peut précipiter le décrochage scolaire. Pourtant, motivés par le désir de s’en sortir à tout prix, ils s’investissent beaucoup dans le travail scolaire. (...)

Que faire ?

(...) Plusieurs types de mesures permettraient d’améliorer le quotidien de ces adolescents, à travers leurs conditions d’hébergement ou de suivi social. Bien sûr, dans l’idéal, aucune famille ne devrait vivre durablement à l’hôtel tant les conditions sont dures. Il faudrait en priorité trouver plus rapidement qu’aujourd’hui d’autres solutions d’hébergement, en favorisant l’accès à du logement social, à des centres dédiés aux familles ou à des appartements d’urgence [3]. Le dispositif hôtelier lui-même sature : plus de 1 000 personnes vivant en famille n’ont pas de solution d’hébergement chaque soir. En attendant, il faut améliorer les conditions de vie des adolescents à l’hôtel : favoriser leur accès à Internet ; créer des espaces collectifs dédiés aux jeunes ; les aider pour leur permettre de faire des activités extrascolaires, culturelles ou sportives, en particulier durant les vacances scolaires, etc. La priorité demeure toutefois la continuité de la scolarisation dans le même établissement, qui doit être le critère principal pour (re)loger les familles. (...)  »

Voir en ligne : https://www.inegalites.fr/Adolescen...


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