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Enfants et adolescents confinés, mode d’emploi

Publié le mardi 28 avril 2020 , mis à jour le mardi 28 avril 2020

Source : Resilience Psy

Auteure : Evelyne Josse, Chargée de cours à l’Université de Lorraine (Metz) Psychologue, psychothérapeute (EMDR, hypnose, thérapie brève), psychotraumatologue

Date : 23 mars 2020

Extraits :

« Même dans la situation de confinement imposée par l’épidémie COVID19, pour qu’ils puissent développer leur personnalité et leurs compétences, les enfants et les adolescents ont besoin de se sentir en sécurité, de s’exprimer, de développer leur autonomie, d’avoir des contacts sociaux, d’apprendre, de se dépenser, etc.

(...)

  • Le besoin de sécurité

Enfants, grands et petits, ont besoin d’être rassurés et sécurisés pour grandir et se développer. Les causes d’angoisse différent avec l’âge, la personnalité, le degré d’exposition à l’épidémie, etc.

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Les enfants plus grands et les adolescents restent perméables au vécu subjectif de leurs proches et simultanément, prennent conscience de l’importance de l’épidémie. La menace vitale qu’ils perçoivent peut être pour certains à la source d’angoisses intenses. « On va tous mourir ! » s’affole, par exemple, une jeune fille de 18 ans. Certains peuvent se montrer anxieux par rapport à l’avenir, au retard pris dans le programme pédagogique, aux examens, etc.

Quel que soit leur âge, la meilleure façon d’aider les enfants à surmonter leurs peurs est de les convier à les exprimer. Éluder le sujet les inquiéterait davantage. Leur anxiété s’accroît considérablement lorsqu’ils ne comprennent pas les remous émotionnels de leur entourage et/ou les situations qu’ils traversent.

  • Le besoin d’expression

C’est durant l’enfance que se construit la perception du monde. Il est donc essentiel que les enfants comprennent les événements qu’ils vivent et qu’ils aient l’occasion d’exprimer les émotions et les sentiments soulevés par ceux-ci.

Les moyens d’expression non verbaux
Plus ils sont jeunes et plus les enfants éprouvent des difficultés à traduire en mots leurs sentiments et leurs pensées. En grandissant, leur capacité à communiquer s’accroît. Cependant, certains enfants plus âgés peuvent manquer de moyens pour verbaliser leur vécu. Ainsi, les enfants effrayés par une situation peuvent trouver difficile d’en parler ou peuvent refuser d’en discuter de crainte d’être débordés par leurs sentiments. Même lorsqu’ils en ont la capacité, les enfants communiquent rarement spontanément et ouvertement au sujet de leurs problèmes, de leurs émotions, etc.

Lorsqu’ils ne peuvent verbaliser leur vécu, les enfants peuvent le traduire « indirectement » par le dessin, la peinture, le bricolage, le chant, la musique, la danse, la poésie, l’écriture, les saynètes théâtrales, les marionnettes, etc. Pour les aider, les adultes doivent être sensibles à cette communication « indirecte » et adapter leur façon de les aborder.

Il est important que les enfants puissent s’exprimer sur ce qu’ils vivent durant cette période de confinement. Cependant, il faut absolument éviter de renforcer leur anxiété en cherchant sans cesse à investiguer leur vécu par rapport à l’épidémie et à la distanciation sociale. Les enfants ont de nombreuses émotions à exprimer ; la joie de vivre en fait partie et c’est dans cette partie saine qu’il faut puiser le ressourcement.

Les moyens d’expression verbaux

(...)

Avec les adolescents, il est important que les parents prennent le temps de discuter et d’élargir le débat. L’épidémie actuelle offre l’occasion d’aborder de grands thèmes sociétaux et de penser avec les jeunes aux valeurs fondamentales. L’importance des relations sociales, l’altruisme, la solidarité, la santé, la surconsommation, la pollution et l’avenir de la planète, sont quelques-uns des thèmes dont il est possible de débattre.

  • Le besoin d’une routine quotidienne

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Il est utopique de vouloir appliquer les règles d’une vie normale à celle du confinement. La routine est à réinventer dans cette situation inédite. Par exemple, l’heure du lever peut être postposée, surtout si l’enfant se réveille très tôt en période scolaire. De même, les heures des repas et du coucher peuvent être légèrement décalées. Les enfants peuvent rester en chaussons mais devraient s’habiller dès le lever ; traîner toute la journée en pyjama devrait être proscrit. Les parents doivent également inciter leur progéniture à prendre soin de leur hygiène corporelle. Certains adolescents, en particulier les garçons, évitent la douche, oublient de se brosser les dents ou omettent de revêtir de vêtements propres quand ils n’ont pas à sortir du foyer. Existant par le regard des autres, ils négligent leur apparence parce qu’ils n’ont plus à exercer leur pouvoir de séduction. En qui concerne les repas, il est important qu’ils soient équilibrés afin que les enfants en pleine croissance puissent grandir et se développer correctement. Le confinement peut être une opportunité de cuisiner en famille et de découvrir de nouvelles recettes. Le stress et l’ennui lié au confinement ainsi que l’accès permanent à la nourriture sont propices au grignotage entre les repas. L’appétence pour les sucreries et les aliments gras doit être surveillée et freinée. La consommation d’aliments caloriques, couplée à la réduction de l’activité physique, risque d’entraîner une prise de poids d’autant plus importante que le confinement est prolongé. Pour les adolescents, notamment pour les filles, l’estime de soi est démesurément évaluée à l’aune de leur apparence physique. Prendre quelques kilos peut avoir une incidence considérable sur leur bien-être psychologique.

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  • Les besoins de contact social

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Même si spontanément, les adolescents compensent partiellement leur besoin de contact grâce aux réseaux sociaux, être privé des rencontres avec leurs copains de classe et de loisirs peut être source de souffrance et, pour les amoureux, l’impossibilité de voir leur partenaire, causer une détresse profonde. Au cours de l’adolescence, le jeune se découvre de nouveaux modèles à l’extérieur du foyer familial, élargit sa palette de figures d’identification et cloisonne ses différentes sphères d’appartenance. C’est maintenant avec ses pairs qu’il s’amuse, à eux qu’il se confie, auprès d’eux qu’il cherche du réconfort et non plus auprès de ses parents. Le groupe de pairs devient sa référence sociale principale. Dans la mesure du possible, le temps de connexion sur les réseaux sociaux doit être limité. Toutefois, en période de confinement, les parents doivent être conscients de l’importance que revêt pour le jeune le besoin d’être connecté à ses amis via son téléphone ou sa tablette. Ils devront faire preuve de souplesse sur le temps d’écran des enfants et plus encore des adolescents.

  • Le besoin d’activité

Si durant les premiers jours, les enfants et les adolescents peuvent apprécier le confinement au domicile, ils risquent de s’ennuyer très rapidement par manque de stimulations intellectuelles, physiques, artistiques et/ou sociales. Si le temps semble long aux adultes retenus chez eux, il semble plus long encore aux enfants et aux adolescents.

Pour qu’ils puissent développer leur personnalité et leurs compétences, les enfants et les adolescents doivent être encouragés quasi quotidiennement à utiliser leurs sens (voir, écouter, toucher, sentir), leurs habilités motrices (capacité à se mouvoir), leurs facultés d’apprentissage, leurs capacités à résoudre des problèmes et leurs compétences à communiquer. Même dans la situation de confinement, il est indispensable qu’ils puissent faire des expériences attendues dans une vie normale pleine de stimulations et d’apprentissages. Ils doivent pouvoir apprendre, jouer, se détendre et se dépenser. Nous allons passer en revue les différentes activités à prévoir pour les aider en situation de distanciation social [4].

L’éducation scolaire
Pour les enfants comme pour les adolescents, il est important de maintenir l’enseignement. En effet, l’éducation scolaire leur procure la structure et les stimulations (nouveaux apprentissages) dont ils ont besoin.

Dans la mesure du possible, les parents devraient veiller à conserver le rythme scolaire tout en restant flexibles. Enfants et adolescents travaillent mieux dans des conditions favorables et deviennent inefficients avec la fatigue et le stress prolongé. Il faut donc ajuster la planification des tâches scolaires à la réalité de la situation stressante du confinement. Débuter les cours vers 9 heures est idéal pour petits et grands. Pour les petits, un planning précis peut être utile. Toutefois, les parents doivent faire preuve de réalisme dans l’estimation des durées d’apprentissage et des capacités de concentration de leur progéniture. Pour les adolescents, l’organisation du temps est dictée principalement par le programme des cours en ligne et le travail à réaliser transmis par leur école.

Autant que possible, les parents doivent encourager leurs enfants à étudier leurs leçons. S’ils n’ont pas les compétences pour les encadrer dans les matières enseignées, ils peuvent néanmoins les inciter à se mettre au travail et à faire leurs devoirs.

Pour de nombreuses familles, les séances des devoirs sont un moment pénible. En période de confinement où les parents supervisent davantage le travail scolaire de leurs enfants, les relations peuvent rapidement devenir conflictuelles. Lorsque les frictions deviennent trop intenses, mieux vaut passer le relais à l’autre parent, à un frère ou à une sœur. Avec les adolescents, il est essentiel d’éviter l’escalade sans quoi la vie familiale peut rapidement devenir un enfer.

Pour la majorité des enfants, il est illusoire de croire qu’ils travailleront autant qu’à l’école. Les professeurs ne sont pas présents pour stimuler leur motivation et fournir les explications dont ils ont besoin, les sources de distraction sont multiples et variées, les parents supposés les encadrer sont mobilisés par le télétravail, sont incapables d’expliquer les matières enseignées ou sont de piètres pédagogues, etc. L’essentiel est surtout d’assurer la continuité pédagogique et de maintenir l’habitude d’un rythme scolaire sans quoi le retour en classe sera pénible, surtout si la période de confinement s’éternise. Un retard trop important pris dans le programme scolaire pourrait décourager l’enfant à la rentrée et entraîner un décrochage, voire une phobie scolaire.

(...) »

A retrouver en ligne en intégralité ici.

Voir en ligne : http://www.resilience-psy.com/spip....


Pour aller plus loin