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Lycéen et sans-abri : "Je suis dans la galère, et ça m’inquiète"

Publié le 18-01-2016

Source : http://rmc.bfmtv.com

Auteur : Philippe Gril avec Anaïs Bouitcha

« [...] La journée au lycée et la nuit sous les ponts. Ils sont environ 25 lycéens dans ce cas à Paris. Le plus souvent, il s’agit de jeunes immigrés arrivés en France il y a quelques mois, parfois quelques années, et dont le statut de mineur ou de majeur n’est pas déterminé. "Ce sont des jeunes mineurs, mais dont la minorité est mise en doute soit par la structure d’accueil de la ville de Paris, soit par des jugements ultérieurs, explique sur RMC Ana Grambast, militante pour Réseau Education sans Frontières (RESF). Lors de leur passage en justice, on examine leurs documents et on les met en doute : on leur dit ’votre extrait de naissance n’est pas vrai’, ou ’votre extrait de naissance est vrai mais ne vous appartient pas’. Du coup, ils n’ont pas accès au 115 (Samu social) et ne peuvent être hébergés dans les structures d’urgences". Ces immigrés sont donc dans un vide juridique et doivent se tourner vers les associations pour les aider à suivre l’école et dormir au chaud.

"C’est dur pour aller en cours parce que je ne dors pas bien"

Dans le 20ème arrondissement de Paris, quatre d’entre eux dorment dehors actuellement. C’est le cas de Fodié, jeune malien rencontré par RMC. Casquette sur la tête et sac à dos à la main, Fodié ressemble à n’importe quel lycéen... Sauf que le jeune homme passe ses nuits sous des ponts, parfois dans des squats. "Je n’ai pas de parents ici. C’est dur pour moi de rester tout seul. Je suis dans la galère et ça m’inquiète", explique-t-il dans un Français un peu hésitant. Arrivé du Mali il y a un an, le jeune homme a beaucoup de mal à concilier cette vie de sans-abri et de lycéen... Suivre les cours est devenu difficile. "C’est dur pour aller en cours parce que je ne dors pas bien. Le matin je me réveille plus tôt". Et il est difficile de se concentrer sur les cours ou les devoirs quand on ne sait pas où l’on va dormir le soir.

"Mon professeur m’encourage à continuer"

Dans sa galère, l’adolescent peut compter sur des bénévoles qui lui donnent des vêtements et l’hébergent parfois. La direction du lycée lui fournit également une aide médicale et lui permet de manger gratuitement à la cantine le midi. "Mon professeur m’encourage à continuer. Il me dit ’tu travailles bien, tu es dans la galère mais un jour ça va finir’". Fodié espère pouvoir continuer l’école, dormir à l’abri, et trouver un stage de carreleur pour commencer à gagner sa vie.

Il va pouvoir compter sur le soutien de RESF et d’autres associations qui soutiennent ces lycées sans-abri, en organisant des collectes et des manifestations. L’an dernier, elles ont permis à 70 lycéens d’être hébergés par la ville de Paris. Mais il n’y a pas de places pour les nouveaux arrivants. "On aimerait que la mairie de Paris ouvre un gymnase pour les jeunes, ou, à défaut, qu’ils puissent dormir quelque part au chaud", espère Ana Grambast. [...] »

Voir en ligne : http://rmc.bfmtv.com/emission/lycee...