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Mamoutou, de la Côte d’Ivoire au Val de Loire

Publié le 29-01-2016

Source : http://www.lanouvellerepublique.fr

Auteur : Antonin Marot

« Un accueil pour mineurs isolés étrangers a été inauguré jeudi soir, à Blois. Des jeunes qui ont fui leur pays y trouvent un hébergement et des aides.

Il n’a que 17 ans, mais ses yeux sont déjà ceux d’un homme mûr. Une maturité forgée trop tôt et malgré lui par des images et des souvenirs de son exil. Mamoutou est l’un des jeunes qui sont accueillis au tout nouveau Service d’accompagnement des mineurs isolés étrangers (Samie). Il y a retrouvé d’autres jeunes d’origines diverses, eux aussi arrivés en France après avoir quitté leur pays pour des raisons de sécurité ou économiques.

Il y a encore trois ans, Mamoutou était en Côte d’Ivoire. Il affiche un très bon niveau scolaire et parle plusieurs langues : le français, l’arabe, le soninké (plus de 2 millions de locuteurs) et le bambara (environ 10 millions de locuteurs). « Je me suis échappé de ma maison avec ce qui m’appartenait. Mon père est décédé et mes beaux-frères maltraitaient ma mère. Alors j’ai fui, explique-t-il avec des mots simples, le regard encore perdu quelque part dans son pays natal. C’est un cousin de ma mère qui m’a aidé à rejoindre la Lybie. »

De là, l’adolescent parvient à prendre un bateau. La traversée de la mer Méditerranée est éprouvante. « C’était très dur, souffle-t-il. On était beaucoup dans le bateau. Des gens se sont jetés par-dessus bord, je ne sais pas pourquoi… »
Mamoutou finit par débarquer en Italie. La police est là. « Ils nous ont dit de ne pas avoir peur, que tout allait bien se passer. Finalement, je suis resté deux ou trois mois là-bas, mais j’ai dû partir car je n’arrivais pas à m’intégrer. A cause de la langue. » En effet, l’italien n’est pas dans ses cordes vocales.

" Je lis beaucoup pour ne pas penser à tout ça "

Pour ce qui est de l’arrivée en France, il serait bien compliqué de retracer sur une carte le parcours de Mamoutou. Lui-même ne sait pas exactement par où il a transité : « J’ai pris le train en Italie et je suis arrivé dans une très grande gare en France. Je ne sais pas laquelle. Puis, j’ai pris un autre train, qui m’a emmené autre part. C’est à ce moment-là que j’ai croisé deux Africains dans un camion ; ils parlaient ma langue et m’ont déposé à la gendarmerie. Là, j’ai été envoyé à Blois. C’était en mars dernier. »
Après plusieurs mois à l’hôtel, il rejoint l’accueil pour mineurs isolés. Il y a trouvé de l’aide pour intégrer le Centre de formation des apprentis. Le jeune homme travaille désormais en alternance dans les cuisines d’un restaurant du centre-ville. « Le patron est gentil, il me forme bien. »
Dans sa chambre à la résidence universitaire Saint-Louis, Mamoutou a beaucoup de livres sur son bureau. Il apprend l’espagnol, histoire d’étoffer son panel. « Je lis beaucoup pour ne pas trop penser à tout ça. » Évidemment, il en faudrait plus pour oublier tout à fait ce qu’il a laissé derrière lui. « Ma mère et mon petit frère me manquent. Mon objectif maintenant, c’est d’avoir les papiers nécessaires pour sortir de France. Pour aller les chercher et les ramener. J’espère qu’ils vont bien. »

repères

> Le nouveau Service d’accompagnement des mineurs isolés étrangers (Samie) a été officiellement inauguré jeudi 21 janvier, à la résidence universitaire Saint-Louis, rue de Berry à Blois. En vérité, ce service est ouvert depuis le 22 septembre. Habilité par le conseil départemental, il est géré par l’Association des centres éducatifs et de sauvegarde des mineurs et jeunes majeurs du Loir-et-Cher (Acesm).
> Le Samie a une capacité d’accueil de 14 jeunes : 10 à la résidence universitaire Saint-Louis, et 4 au Foyer des jeunes travailleurs Escale & habitat de Blois. « La plupart du temps, ils n’ont pas de papiers. Une fois qu’ils sont arrivés ici, on les aide dans leurs recherches d’une activité scolaire ou professionnelle, dans leurs démarches de régularisation, de soins, explique Didier, éducateur. Ils apprennent à se fondre dans une mixité, découvrent une nouvelle réalité quotidienne. » Les jeunes – originaires d’Afrique de l’Ouest, pour beaucoup, mais aussi du Pakistan, d’Inde, d’Afghanistan… – sont placés dans le service d’accueil par le conseil départemental, qui se voit confier les jeunes par décision judiciaire. »

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