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« Nous devons protéger les migrants mineurs de cette route dangereuse en Méditerranée »

Publié le 5-02-2016

Source : www.lemonde.fr

Auteur : Adéa Guillot

« Dimanche 31 janvier, l’agence européenne de coordination policière Europol annonçait la disparition de plus de 10 000 migrants mineurs non accompagnés sur le sol européen ces dix-huit derniers mois. On évalue par ailleurs à plus de 300 le nombre d’enfants noyés en Méditerranée depuis septembre 2015. Sur l’île grecque de Lesbos, en mer Egée, le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU est notamment chargé d’aider à l’identification des populations vulnérables – familles avec enfants, mineurs non accompagnés – dans le flux des quelque 1 000 personnes qui continuent de débarquer chaque jour. Boris Cheshirkov est le porte-parole du HCR à Lesbos.

Plus de 50 000 réfugiés et migrants sont arrivés en Grèce depuis le 1er janvier 2016 dont plus de 35 000 sur la seule île de Lesbos. Parmi eux, combien de mineurs ?
Plus du tiers des personnes enregistrées sur l’île sur cette période sont des mineurs de moins de 15 ans, soit environ 12 000 enfants. Qu’ils soient accompagnés de leurs parents ou d’un proche ou voyagent seuls sur la route, tous arrivent sur les plages en état de choc et d’hypothermie. Nous pensions qu’avec l’hiver ils seraient moins nombreux à braver la mer. Ce n’est pas le cas et les naufrages se succèdent.

Plus de 300 enfants sont morts en Méditerranée depuis septembre, un bilan terrible…
La plupart ne savent pas nager. Les passeurs les entassent à plus de 50, parfois 80, sur des zodiacs prévus pour 10 ou 12 personnes au maximum. C’est une traversée traumatisante pour les enfants. Lorsqu’ils débarquent à Lesbos, il leur faut parfois plusieurs heures pour recommencer à parler ou sortir de l’état de choc dans lequel ils sont plongés.
Tous les mineurs sur la route, seuls ou non, arrivent en Turquie dans un état de stress important : ils n’ont plus aucun sens de la normalité. Ils sont déscolarisés pendant des mois, ont appris à vivre au jour le jour, ont perdu leurs amis, leurs familles… Intervient alors cette traversée – une expérience terrifiante. Nous disons clairement que cette route est trop dangereuse. Nous devons protéger les mineurs de cette route. Il faut améliorer et renforcer le processus de réunion familiale, mettre en place des visas humanitaires en amont. Bref, tout faire pour neutraliser ce passage par la mer.

Selon l’agence européenne de coordination policière Europol, plus de 10 000 mineurs non accompagnés ont disparu dans les dix-huit à vingt-quatre derniers mois. Comment expliquer qu’ils ne soient pas mieux protégés une fois sur le sol européen ?
Leur identification est très complexe. La grande majorité des mineurs que l’on voit ici à Lesbos sont de jeunes adolescents afghans qui, souvent, cachent leur âge et prétendent avoir plus de 18 ans pour ne pas être ralentis dans leur voyage. Car, normalement, tout mineur non accompagné doit être pris en charge par le service national d’aide à l’enfance du pays dans lequel il est identifié et donc placé en refuge. Il y a aussi beaucoup de cas de mineurs qui affirment voyager avec un parent alors qu’il s’agit au mieux de personnes rencontrées sur la route, au pire d’un passeur. Les risques sont énormes pour ces enfants de tomber entre les mains de trafiquants d’êtres humains. Cette déclaration d’Europol est très préoccupante.

Comment améliorer l’identification de ces mineurs voyageant seuls et donc leur protection ?
A Lesbos, avec les volontaires, nous essayons de les repérer dès la plage, avant même qu’ils arrivent au centre d’enregistrement du camp de Moria. Depuis une semaine environ, les garde-côtes grecs assistés des agents de Frontex [l’agence de gestion des frontières de l’Union européenne] ont entrepris de récupérer les réfugiés avant même qu’ils débarquent sur les plages, en pleine mer. De plus en plus de personnes sont ainsi directement amenées au port de Mytilène sans passer par les plages ou les camps d’accueil de la côte. Nous avons demandé à être présents au port afin de pouvoir opérer un triage, et repérer avant de les transporter au camp les personnes vulnérables, dont les mineurs non accompagnés. Le droit européen et international est clair : nous devons aux enfants une attention particulière.
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Voir en ligne : http://www.lemonde.fr/europe/articl...