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Migrants : Mayel, Afghan de 14 ans seul à Calais, a obtenu le feu vert pour l’Angleterre

Publié le 8-04-2016

Source : www.lavoixdunord.fr

Auteur : Marie Goudeseune

«  Il fallait voir son sourire, jeudi matin, avant l’embarquement dans l’Eurostar en gare de Calais-Fréthun. Mayel, Afghan de 14 ans qui a perdu sa famille durant le trajet qui l’amenait à Calais, a obtenu son passage pour l’Angleterre en toute légalité, pour y rejoindre son oncle.

Pour tout bagage, un petit sac à dos. Mayel, 14 ans, patiente dans le hall de la gare TGV Calais-Fréthun. Il est 9 h. L’Eurostar doit partir à 10 h 01 et l’emmener à Londres, où l’attendent les autorités britanniques ainsi que son oncle. Cet adolescent a parcouru plus de 5 000 km depuis sa ville d’origine, Mazar-e Charif en Afghanistan, pour rejoindre Calais en janvier dernier. Il y est arrivé seul. Il était pourtant parti avec ses parents et sa sœur, mais les a perdus en Turquie : « Ils n’étaient pas dans le même bateau pour la Grèce. Il est fréquent que les passeurs séparent les familles. On ne sait même pas s’ils sont encore en vie », raconte l’avocate Orsane Broisin, qui l’a accompagné ces derniers mois.
De janvier à mi-février, Mayel vit dans la « jungle ». Marianne Humbersot, qui travaille bénévolement au centre juridique du bidonville , se souvient encore l’avoir vu arriver pour demander de l’aide. Le jeune homme avait un objectif : rejoindre son oncle à Birmingham en Angleterre, où il réside.

Pour les juristes bénévoles, la procédure classique s’annonce d’office bien trop longue : « C’est lourd, ça peut prendre des mois, bref : c’est complètement inadapté à des situations de ce type. » Elles décident, le 18 février, de saisir le juge des enfants, qui ordonne la protection immédiate de Mayel. Passé par un foyer d’urgence pour mineurs isolés à Sangatte, l’adolescent est ensuite placé en famille d’accueil à Saint-Omer. Pour la préfète du Pas-de-Calais, ce n’est pas cette saisine du juge des enfants qui a permis de faire accélérer les choses, mais un effort de coopération récent, de la part des autorités franco-britanniques , pour « rendre les procédures plus efficaces ».
Mayel a appris il y a quelques jours seulement que sa demande de regroupement familial était acceptée. Puis tout est allé très vite : la sous-préfecture lui a délivré un laissez-passer mercredi. Jeudi matin, il est monté dans l’Eurostar, avec deux agents de l’Office français de l’immigration et de l’Intégration (OFII). Avant d’embarquer, il nous a confié combien il était « heureux ».

Selon la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, douze mineurs étrangers ont pu passer en Angleterre ces dernières semaines. C’est beaucoup plus que d’habitude selon elle : elle explique pourquoi la procédure s’est accélérée.

– Les mineurs étrangers peuvent-ils passer plus facilement qu’avant en Angleterre ?
« Les régles n’ont pas changé, ce sont celles des accords de Dublin 3 (*) et tous les pays d’Europe, dont la France et l’Angleterre, doivent les appliquer. Seulement, la procédure était jusqu’ici très longue et les dossiers traités au compte-gouttes. Il n’était plus possible, étant donné la situation à Calais, de continuer à ce rythme. »

– Qu’est-ce qui a été décidé ?
« On travaille depuis plusieurs mois avec les Anglais sur cette question. Il y a eu plusieurs rencontres, dont le sommet franco-britannique à Amiens le 3 mars dernier. Nous avons convenu qu’il fallait améliorer les choses pour les mineurs. Début mars, un officier de liaison britannique s’est donc installé au ministère de l’Intérieur pour raccorder nos procédures aux leurs et faire en sorte que les dossiers aboutissent plus rapidement. »

– Avec quels effets ?
« En moins de deux mois, 26 dossiers de mineurs ont obtenu un accord, et une dizaine d’entre eux sont déjà partis en Angleterre. En clair, on a branché les tuyauteries pour rendre les procédures plus efficaces partout en France. »

– Sur quels critères un mineur étranger est-il admis en Angleterre ?
« Au terme d’une enquête minutieuse. Chaque dossier est différent. Côté français, nous vérifions si ces jeunes ont des papiers, prenons des renseignements sur leur famille, etc. Une fois que le dossier est jugé solide, nous le transmettons aux Britanniques qui vérifient notamment s’il existe bien une famille en Angleterre. »
(*) Ce règlement adopté par l’Union européenne prévoit notamment les conditions de demandes d’asile et de regroupement familial pour les mineurs étrangers isolés.

Selon la préfète du Pas-de-Calais, un centre pour mineurs doit ouvrir bientôt au sein du centre Jules-Ferry à Calais (celui-ci regroupe actuellement un accueil de jour pour les migrants et un centre d’hébergement pour les femmes et les enfants). Ce centre, dont la gestion serait confiée au conseil départemental, aurait une capacité de cinquante places. Les mineurs étrangers y seraient accueillis par des éducateurs spécialisés, pour quelques jours tout au plus, le temps de les accompagner dans leurs démarches. Le projet, mené conjointement par l’État et le Département, pourrait aboutir d’ici quelques semaines. »

Voir en ligne : http://www.lavoixdunord.fr/region/m...