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À Calais, prendre soin des mineurs isolés étrangers

Publié le 14-04-2016

Source : www.lavie.fr

Auteur : Corine Chabaud

«  La Défenseure des enfants, Geneviève Avenard, s’est rendue à Calais fin février et début avril. Elle explique à La Vie en quoi la situation des mineurs isolés étrangers est préoccupante.

Qu’avez-vous pu constater lors de vos déplacements à Calais ?

On ne peut qu’être effrayé par ce que l’on voit sur place, quand on constate les conditions de vie ou de survie indignes faites aux migrants mais en particulier aux enfants. Comme tous les autres, ceux-là ont besoin d’être en sécurité. Depuis longtemps, des informations préoccupantes nous remontaient concernant les mineurs étrangers sans accompagnants. D’abord, nous ne savions pas combien ils étaient. Le Tribunal administratif, confirmé par le Conseil d’Etat, avait enjoint l’Etat de les dénombrer. Il a donc fallu que les associations s’y attellent, notamment France terre d’asile. Nous avons su qu’ils étaient 326, essentiellement en provenance d’Afghanistan, de Syrie, du Soudan et d’Erythrée. Je suis allée à Calais à la demande de Jacques Toubon, le Défenseur des droits. En octobre, dans un rapport, il avait émis des recommandations sur les difficultés d’accès aux droits fondamentaux des exilés. Une partie du rapport était consacrée aux enfants.

Ces enfants sont dans quel état ?

Ils ont souvent des syndromes post-traumatiques. Même jeunes, ils ont un passé lourd. Ils ont parfois vécu des choses difficiles dans leur pays d’origine, dans leur famille, dans leur vie de tous les jours. Il y a aussi la rupture liée au départ, et les risques, les dangers courus pendant le voyage. En même temps, ce sont souvent des adolescents qui ont su faire la preuve de capacités à surmonter des difficultés. Ils ont acquis une maturité que n’ont pas des enfants plus préservés.

Certains jeunes peuvent à présent prétendre rejoindre légalement un proche Outre-Manche ?

Ils sont entre 70 et 90 susceptibles de rejoindre la Grande-Bretagne par le truchement du regroupement ou de la réunification familiale. Parmi eux, une quinzaine déjà a pu passer ces jours-ci. J’ai demandé à ce que les procédures soient simplifiées et accélérées pour ces jeunes ayant un lien familial en Grande-Bretagne. J’ai rencontré mon homologue Anne Longfield à Calais, et j’ai prévu d’aller la voir de nouveau sous peu. Travailler de concert avec les Britanniques est très important. J’ai en ce moment le sentiment d’une évolution positive côté anglais. Mais il faudra que les faits confirment sur la durée cette impression. Ce sont les juges qui ont poussé à l’application du droit à la réunification familiale, en vertu du règlement européen Dublin III sur le droit d’asile. Reste aux autorités britanniques à s’y plier. Nous verrons dans les semaines à venir si les délais ont été ou non raccourcis et combien d’enfants ont pu passer légalement.

Il y a des rumeurs de disparitions de mineurs depuis le démantèlement d’une partie du camp.

C’est exact. Elles sont très difficiles à vérifier. La question était de savoir où étaient passé ces enfants. Nous avons posé la question aux autorités. A France Terre d’Asile, qui effectue des maraudes, mais aussi à la direction de la Cohésion sociale, ou encore au groupe SOS. On nous a répondu que le nombre d’enfants n’avait pas tellement évolué. Nous nous sommes penchés sur un cas précis, pour nous rendre compte que ce jeune qui avait disparu de la lande venait d’arriver en Angleterre, sain et sauf. Ces rumeurs de disparitions nous préoccupent. C’est pourquoi il est important de faire en sorte que ces enfants ne soient pas invisibles.

On dit qu’ils sont la cible privilégiée des passeurs ?

Ils peuvent être victimes de traite des êtres humains. Parfois ils tombent entre les mains de responsables de réseaux de prostitution ou de criminalité organisée. C’est pourquoi il faut veiller à les protéger. En fait, il ne faut pas regarder le flux global de ces mineurs étrangers, mais s’intéresser à eux en tant que personnes, au cas par cas. Certains, plus vulnérables que d’autres, ont besoin de vigilance particulière. »

Voir en ligne : http://www.lavie.fr/actualite/econo...