Migrants : au lycée Jean-Jaurès, la vie s’organise en attendant l’expulsion

Source : www.lemonde.fr
Auteur : Maryline Baumard

« Sur les murs, des logos rappellent que l’alcool, la drogue, le sexisme ou le racisme n’ont pas droit de cité dans l’enceinte du lycée Jean-Jaurès, dans le 19e arrondissement de Paris, désaffecté.
« Ici, à la moindre bagarre, c’est dehors », rappelle Houssam El Assimi, un des membres du collectif La Chapelle debout !, qui a ouvert le lieu. Depuis leur entrée dans le bâtiment, le 21 avril, les exilés s’organisent, aidés par le collectif. Lundi 2 mai, en début d’après-midi, quelque 150 nouveaux venus attendent pour rejoindre les 300 déjà installés.
Dehors sur le trottoir, chaque arrivant note son nom et sa nationalité sur un petit papier, pour faciliter son inscription ; car on n’entre pas au lycée sans enregistrement préalable. Par petites grappes, les oubliés de l’évacuation, le matin même, du campement du métro Stalingrad arrivent là, épuisés. « Ils ne m’ont pas laissé monter dans les bus. Je ne sais même pas pourquoi », se plaint Barla, un Afghan de 24 ans qui en a assez de dormir dehors. De son sac, il sort un récépissé de demande d’asile, protégé entre deux morceaux de carton et le montre à qui veut le voir. Une dizaine d’autres autour de lui sont dans la même situation.
Sous leurs yeux, 1 615 personnes ont été emmenées vers des hébergements. Mais, comme les autorités tablaient sur trois fois moins de migrants à mettre à l’abri, Barla et ses amis ont fait partie des laissés-pour-compte de la vingtaine d’évacuation d’un campement de la capitale... »