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Pour une réelle protection des mineurs

Publié le 21-06-2016

Source : MDM

« Aujourd’hui, entre 350 et 500 mineurs isolés (sur)vivent à Calais, dans le bidonville ou dans les containers du Centre d’accueil provisoire (CAP), dispositif non habilité à héberger des mineurs dans lequel sont mis à l’abri des hommes majeurs seuls et des familles avec enfants. Ces centaines de mineurs, des garçons principalement, mais également des jeunes filles, dont le nombre ne cesse d’augmenter, subissent des conditions de vie extrêmement précaires, l’insécurité et les violences croissantes du bidonville de Calais.

L’UNICEF France vient d’ailleurs de publier une enquête sociologique sur ces enfants non accompagnés, menée en collaboration avec les associations intervenant à Calais, comme Médecins du Monde. Les résultats révèlent les nombreux dangers auxquels sont exposés en permanence ces mineurs. Plusieurs éléments recueillis au cours de leur enquête mettent en évidence des situations qui relèvent de la traite des êtres humains et qui constituent des violations au regard de la Convention relative aux droits de l’enfant, ratifiée par la France.

L’enquête souligne également que les dispositifs de protection de l’enfance ne sont pas adaptés aux profils de ces enfants et adolescents. Les mineurs rencontrés ne sont majoritairement pas au courant du système de protection. Et lorsqu’ils ont accès à des informations, elles sont souvent partielles et contradictoires. La prise en charge, quand elle est proposée, ne permet pas d’assurer une « accroche » durable du jeune potentiellement en danger.

Les autorités compétentes — l’Etat et le Conseil Départemental du Pas-de-Calais — ne semblent pas du tout avoir pris la mesure de la gravité et de l’urgence de la situation et abandonnent ces enfants qui ont fui la guerre et l’horreur.

Le Défenseur des Droits, alarmé par la situation des mineurs isolés étrangers (sur)vivant sur le bidonville de Calais, avait, dans sa décision n° MDE 2016-113 datée du 20 avril 2016, constaté, l’absence de mise en œuvre de solutions adaptées et de mise à l’abri pour ces mineurs non accompagnés du bidonville.
Dans cette décision, le Défenseur des Droits se félicitait que les services de l’Etat et ceux du Conseil Départemental aller travailler à la mise en place d’un accueil de jour doublé d’une possibilité de mise à l’abri de nuit. Ce projet était également mentionné par le Directeur Départemental de la cohésion sociale qui, dans un courrier du 22 mars 2016, confirmait que l’Etat envisageait de financer des hébergements sous forme de modulaire pour la mise à l’abri des mineurs.

A la suite de la décision du Défenseur des Droits, plusieurs associations intervenant sur le bidonville de Calais, ont interpellé la Préfète du Pas-de-Calais et le Président du Conseil Départemental dans un courrier daté du 17 mai 2016. Ce courrier est aujourd’hui encore sans réponse.

Malgré l’urgence de la situation, rien n’est à ce jour proposé pour protéger les mineurs présents à Calais.

Rien, si ce n’est une mise à l’abri à 40km dans un dispositif saturé et qui ne prend pas en compte la réalité de la plupart de ces jeunes : leur souhait de se rendre en Grande Bretagne coûte que coûte, et le fait qu’ils resteront proches des lieux de passage vers ce pays.

Face à cette absence de réaction et pour protéger ces mineurs en danger, nous cherchons, avec d’autres associations présentes sur le terrain, à pallier les carences des autorités. Mais nous n’avons ni vocation ni compétence pour mettre à l’abri ces jeunes en danger.

Nous appelons donc l’Etat et le Conseil départemental à agir en urgence et à mettre en œuvre les moyens nécessaires à la protection immédiate de ces mineurs. »

Voir en ligne : http://www.medecinsdumonde.org/actu...