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À Mulhouse, un foyer pour aider des jeunes à se reconstruire

Publié le 28-09-2016

Source : www.lavie.fr

Auteur : Laurent GRZYBOWSKI

« Écologique et sociale, l’association Sahel Vert œuvre dans le champ de l’insertion et de la solidarité internationale. Depuis un an, elle accompagne des jeunes en difficulté et des mineurs étrangers dans leur parcours d’intégration.

C’est un ancien dépôt d’explosifs des Mines de potasse d’Alsace, sur le banc communal de Wittenheim (Haut-Rhin), dans la périphérie de Mulhouse, au milieu des bois du Nonnenbruch : le Kohlplatzschlag. Sur un espace de plus d’un hectare, ce centre d’accueil de jour – appelé la Dynamitière – permet à des jeunes « bénéficiaires-acteurs » de produire des biens et des services d’utilité publique répondant à des besoins économiques et fabriquant du lien social. Autour du conditionnement et de la distribution de colis alimentaires, divers ateliers sont proposés : jardin potager, cuisine pédagogique, rencontre parents-enfants, soin des animaux, bois de chauffage, mécanique/carrosserie, récupération, recyclage de matériel et gestion pastorale.

Mais ce lieu de vie n’accueille pas que des jeunes orientés par la protection judiciaire de la jeunesse, l’Aide sociale à l’enfance et l’Éducation nationale. C’est ce qui fait toute son originalité. Il reçoit aussi des mineurs étrangers isolés qui, dans la rencontre avec des adolescents de leur âge, trouvent à s’intégrer et à mieux s’insérer dans la société. C’est aussi le cas des jeunes français. Un modèle gagnant-gagnant. « La rencontre entre ces deux populations est riche, témoigne Jacky Céroi, délégué général de l’association. Après un temps d’apprivoisement, les uns découvrent qu’ils peuvent avoir besoin des autres. Et réciproquement. Nous ne sommes pas là pour les assister ou pour les enfermer dans un carcan. Bien au contraire. Nous voulons qu’ils se prennent en main et qu’ils deviennent des adultes responsables, utiles à la société. »

À l’origine tournée vers l’Afrique, Sahel Vert a été créée en 1991 par des entrepreneurs et des professionnels de l’action sociale ayant une solide expérience de coopération avec les pays du Sud. Leur but ? Promouvoir un projet solidaire d’écologie sociale, au service de l’éducation, de l’insertion et du développement durable. Des actions de solidarité menées principalement à Sofara, au Mali. Installé sur un espace d’un hectare, le centre dit « An Ka Ta N’Gnéfé » (« Allons de l’avant », en bambara) permet aux jeunes accueillis de produire des biens et des services d’utilité publique répondant à leurs propres besoins : jardin potager, élevage de poules et de moutons, etc. Ces activités permettent de garantir le gîte et le couvert pour dix enfants, en soutien à leur scolarisation à l’école élémentaire ou au collège de Sofara.

Construit par les habitants eux-mêmes grâce aux dons reçus par l’association, le centre An Ka Ta peut aussi accueillir des groupes de Français pour des séjours de solidarité. Parmi eux, les jeunes de Mulhouse fréquentant la Dynamitière. La boucle est ainsi bouclée. « En participant au développement du Mali, nous aidons des jeunes en difficulté à se construire, en élargissant leurs horizons et en les tournant vers les autres. » Ces deux implantations, en France et au Mali ont déjà permis d’organiser une vingtaine de séjours de solidarité, auxquels ont participé plus de 200 bénéficiaires. « Au sein du pôle éducatif spécialisé, de nombreuses actions de solidarité locale et internationale ont servi de support d’accompagnement éducatif et de mobilisation pour la construction de parcours d’insertion », explique Jacky Céroi.

L’association a aussi pour vocation de travailler aux métiers du vert. Le but est de mettre en place de nouvelles initiatives – pastorales et rurales – tout en suivant le principe de l’écologie sociale. Gérée par neuf salariés, soutenue par une centaine d’adhérents et plus d’un millier de bénévoles, intervenant de manière ponctuelle, Sahel Vert travaille dans une dynamique de coopération circulaire. En renversant l’axe de coopération Nord/Sud, l’association emprunte des idées et des compétences maliennes qu’elle exporte en France. Un dispositif de « transfert de compétences » a ainsi été mis en place, qui permet aux collègues maliens de venir trois mois en Alsace pour transmettre leurs compétences de gestion pastorale.

L’association est structurée autour de trois pôles : l’éducation (accueil d’adolescents en difficulté), la solidarité (en passant du rêve à sa réalisation) et la recherche, en évaluant l’impact de ces initiatives en termes de lien social sur le territoire. « Les jeunes adultes français et maliens participent à l’élaboration, à la réalisation et à l’évaluation des actions menées. » Cette année, Sahel Vert a mis en place une dynamique de remédiation pour des adolescents fâchés avec le système scolaire. « Il s’agit de leur faire retrouver le chemin de l’école grâce à une alternance entre le collège et une implication citoyenne d’utilité sociale, dans des activités du vert. » À compter du 1er janvier 2017, le centre de Mulhouse devrait être en capacité d’accueillir une vingtaine de migrants, mineurs isolés. « Il y a 25 ans, les créateurs de l’association voulaient planter des arbres au Sahel. Aujourd’hui, nous aidons des jeunes à s’enraciner sur leur territoire, à grandir et à fleurir. En France comme au Mali, il s’agit toujours de porter du fruit. » »

Voir en ligne : http://www.lavie.fr/solidarite/carn...