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Divergences associatives sur le calendrier du démantèlement du bidonville de Calais

Publié le 14-10-2016

Source : Actualités Sociales Hebdomadaires

Auteur : Emmanuelle Chaudieu

« Au lendemain de leur rencontre avec la ministre du Logement, Emmanuelle Cosse, et son homologue de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, sur la préparation de l’évacuation du campement de la lande, plusieurs associations ont déposé, mercredi 12 octobre dans la soirée, un référé-liberté devant le tribunal de Lille enjoignant "aux pouvoirs publics de procéder à une évaluation précise des besoins de protection de toutes les personnes exilées présentes sur la jungle, et ce, avant de mettre en oeuvre un quelconque démantèlement", précise le Secours catholique dans un communiqué diffusé jeudi 13 octobre.
Alors que l’audience devant le tribunal se tenait vendredi 14 octobre et que la décision doit être rendue avant samedi 15 à minuit, le Secours catholique, présent "depuis des années auprès des migrants de Calais", explique le "pourquoi de [sa] décision". Il rappelle d’abord que lorsque les deux ministres ont réuni les acteurs associatifs, le 20 septembre, pour leur présenter le plan de démantèlement de la "jungle", ceux-ci ont "apporté un soutien global" au projet, tout en posant leurs conditions. Ils avaient demandé qu’un "diagnostic complet et partagé soit réalisé, en prenant le temps nécessaire pour un examen individuel des situations", poursuit le Secours catholique, en soulignant que Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse avaient donné leur accord sur un tel processus, leur proposant "de travailler en confiance, dans la transparence".

Crainte d’une opération "sécuritaire et brutale"

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Le sort des mineurs isolés toujours incertain

Autre point de tension entre le gouvernement et les associations : le choix du premier "de supprimer, à court terme, les installations du centre d’accueil provisoire (CAP) et du centre Jules Ferry, et donc d’annihiler les efforts entrepris depuis trois ans pour tenter d’apporter une solution humaine à la situation des exilés sur le Calaisis", dénonce le Secours catholique. C’est en effet le "deuxième préalable", insiste Vincent de Coninck : "le maintien de façon pérenne [de ces] installations d’orientation. Car on ne peut pas croire qu’il n’y aura plus personne après le démantèlement...". Là encore, Florent Gueguen tempère cette analyse : "l’avenir du CAP est l’un des points qui a avancé" lors de la rencontre avec Emmanuelle Cosse et Bernard Cazeneuve, juge-t-il. "Au départ, le ministre de l’Intérieur ne souhaitait pas le maintien mais sa position a évolué. Si le projet de reconversion du CAP n’a pas clairement été défini, ni acté par le gouvernement, l’idée est celle d’un CAO de transit où les personnes n’auraient pas vocation à rester. Cela afin d’éviter l’émergence de nouveaux campements et accueillir les mineurs non accompagnés". La FNARS doit ainsi écrire un projet dans ce sens avec l’association la Vie active, qui gère 2 000 places d’hébergement pour le compte de l’Etat à Calais. Celui-ci devra ensuite être validé par l’Etat et le conseil départemental.
Seul sujet qui fait consensus chez l’ensemble des acteurs associatifs : la question des mineurs non accompagnés, loin d’être réglée. "C’est un vrai sujet de préoccupation sur lequel nous n’avons aucune information concrète", alerte Vincent de Coninck. "Ils ne peuvent pas aller en CAO car ce dispositif n’est pas adapté".
Sur ce sujet, une délégation de quatre défenseurs des enfants - Geneviève Avenard pour la France, Anne Longfield, commissaire des enfants anglaise, Bernard De Vos, délégué général aux droits de l’enfant de la Communauté française de Belgique et Bruno Vanobbergen, commissaire aux droits de l’enfant flamand - s’est rendue jeudi 13 octobre à Calais, "afin d’obtenir des réponses et des garanties fermes quant au dispositif prévu par le gouvernement pour protéger et prendre en charge les 1 000 enfants sur place", indiquent les services du défenseur des droits. Lors du point presse qui a suivi leur visite, Geneviève Avenard s’est déclarée "plus qu’inquiète" du sort des mineurs de la "jungle" de Calais, et a appelé à ne pas démonter tout de suite les locaux en dur pour y loger ces enfants après le démantèlement, rapporte l’AFP.
La défenseure des enfants et ses homologues britannique et belges ont proposé que les mineurs, dont le nombre est estimé à 1 300 par France terre d’asile, "puissent rester dans des dispositifs de protection qui seraient installés au centre d’accueil provisoire". En effet, il n’y a "pas d’autre alternative pour accueillir un nombre aussi important de personnes", a ajouté Geneviève Avenard, en indiquant avoir reçu "plus qu’une oreille attentive" sur cette question de la part de la préfète du Pas-de-Calais. "Une réflexion [serait] déjà engagée sur cette hypothèse", a-t-elle encore précisé à l’AFP. »

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