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Mineurs non accompagnés de Calais : pourquoi les règles ne sont pas respectées

Publié le 18-10-2016

Source : www.rtbf.be

Auteurs : S. Hammo et O. Hanrion

« Ce lundi, quatorze réfugiés mineurs non accompagnés ont quitté Calais pour rejoindre le Royaume-Uni. Ces jeunes, qui ont entre quatorze et seize ans, ont pu rejoindre un parent proche déjà installé de l’autre côté de la Manche.

D’après les derniers comptages réalisés la semaine dernière dans cette jungle de Calais, il s’y trouverait environ 1 300 mineurs non accompagnés. Parmi eux, plusieurs centaines ont de la famille en Grande Bretagne. Pour chacun d’entre eux, il faut vérifier les liens familiaux et organiser la réunification. Cela se fait en collaboration entre les autorités françaises et britanniques.

L’Etat responsable du mineur est l’Etat où se trouve sa famille

Théoriquement, tous les mineurs non accompagnés qui ont de la famille au Royaume-Uni sont en droit de s’y rendre, c’est prévu par le règlement Dublin. Il s’agit de l’ensemble des règles qui définissent quel Etat de l’Union européenne doit traiter la demande d’asile d’un réfugié qui arrive en Europe. Généralement, c’est le premier pays où débarque ce migrant. Mais pour un mineur non accompagné, les règles prévoient que l’Etat membre responsable devient le pays où se trouve un membre de sa famille.

Pourtant, parmi les mineurs non accompagnés bloqués à Calais, ils sont nombreux à affirmer avoir de la famille au Royaume-Uni. Alors, comment se fait-il qu’ils soient encore autant à attendre leur tour ? Plusieurs explications sont possibles. D’abord, pour rejoindre sa famille, un mineur devrait d’abord déposer une demande d’asile en France. Bien souvent, les mineurs ignorent qu’ils doivent recourir à cette démarche. Et quand ils le savent, ils rechignent à le faire de peur de se retrouver coincés définitivement en France. Ensuite, la procédure d’examen qui vise à déterminer l’Etat responsable est longue est complexe. Elle peut durer plusieurs mois, et même jusqu’à un an.

Les Britanniques veulent éviter au maximum d’accueillir des mineurs

Et pour finir, il y a la frilosité des Britanniques à accueillir ces mineurs. Pour Philippe De Bruycker, professeur à l’ULB et spécialiste des questions migratoires, ces jeunes réfugiés ne sont clairement pas les bienvenus au Royaume-Uni : "De manière générale, les demandeurs d’asile et en particulier les mineurs non accompagnés - et malgré le fait qu’on prétende tenir compte des intérêts des enfants -, ne sont pas les bienvenus. Il faut dire que ce sont évidemment des cas particulièrement lourds à traiter. Particulièrement coûteux aussi puisque cela suppose qu’on leur assigne une personne responsable, un tuteur, que l’on tienne compte évidemment de leurs besoins,... Ce sont des cas qui coûtent encore plus cher à l’Etat d’accueil que des demandeurs d’asile adultes. Et le Royaume-Uni est dans une position aujourd’hui où il vise au maximum à éviter de devoir accueillir des demandeurs d’asile, y compris des mineurs non accompagnés".

Voilà qui explique en grande partie pourquoi tant de jeunes mineurs non accompagnés restent coincés à Calais. Mais ce camp va être démantelé dans les tous prochains jours, et donc, Français et Britanniques vont devoir commencer à négocier pour se répartir la responsabilité de ces jeunes. C’est d’ailleurs ce qui s’était passé lors du démantèlement du camp de Sangatte, il y a quelques années. »

Voir en ligne : http://www.rtbf.be/info/monde/detai...