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Le désespoir des mineurs accueillis dans le Luchonnais

Publié le 16-01-2017

Source : www.ladepeche.fr

« Ils sont arrivés dans la cité thermale plein d’espoir, heureux de voir se dessiner devant eux un horizon qui se déclinerait outre-Manche. Les quarante-sept mineurs isolés sont donc montés dans le bus début novembre, quittant la jungle de Calais et impatients de voir leurs dossiers examinés par des agents de l’office de l’immigration britannique. Un rêve de départ vers l’Angleterre, dans le but de retrouver une famille avec laquelle ils ont perdu le contact, pour la plupart. « Nous sommes originaires d’Erythrée, lance doucement un jeune migrant. Nous parlons tous quelques mots d’anglais. Nous voulons nous rendre en Angleterre parce que c’est pour nous l’assurance de retrouver une vie, de retourner à l’école. Nous ne visons que pour cela depuis des mois ! » Des mots lâchés calmement, dans une volonté d’expliquer aux adultes qui les entourent pourquoi ce rêve d’Angleterre leur est tellement chevillé au corps. À tel point qu’après plusieurs semaines leur dossier au point mort, les mineurs de Luchon ont tenté de fuir à pied, en plein hiver, sur un coup de colère. « Nous, nous devenons fous, ici, explique le jeune homme. Nous avons fait tant de sacrifices, tant de kilomètres à pieds pour rejoindre Calais que de reprendre la route ne nous effraie pas ». « L’Angleterre avait promis de nous accueillir, les gens de l’immigration sont venus ici, et toujours rien », ajoute l’un de ses copains. Alors ils sont partis un après-midi, en file indienne, dans le but de traverser la France, à nouveau. Sous le regard surpris des automobilistes, sous une pluie glacée, ils ont tenté de reprendre leur errance. Aux inquiétudes émises par les éducateurs, ils répondent en balayant de la main des notions qui n’ont plus court dans leur vie de jeunes migrants. « Nous avons traversé des déserts, franchi l’océan et pris des risques insensés, lâche encore le jeune homme. Alors tu sais, traverser la France ne nous fait pas peur ». Des mineurs aujourd’hui en attente de réponses, fatigués de ne rien voir venir. « Il ne faut surtout pas leur donner de faux espoirs et être honnêtes avec eux, constate un éducateur. Ils ont été tellement fourvoyés… »

Ces jeunes gens ne seront de toutes les façons accueillis dans les Pyrénées que jusqu’à la fin du mois, la maison familiale des électriciens et des gaziers qui les héberge, reprenant l’accueil des skieurs dès le début du mois de février. En tant que mineurs, ils vont bénéficier de l’attention des services du conseil départemental et l’assurance de voir leur demande de régularisation examinée, côté français.

De leur tentative de fugue, il est surtout resté l’expression d’un désarroi, face à un rêve que l’on venait brutalement de leur arracher ainsi que la peur, à dix-sept ans à peine, de voir un avenir meilleur leur échapper. »

Voir en ligne : http://www.ladepeche.fr/article/201...