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Elle raconte son travail auprès des mineurs isolés

Publié le 17-01-2017

Source : http://jactiv.ouest-france.fr

Auteur  : Flora Chauveau

« Rozenn Le Berre est originaire de Guengat (Finistère) et a fait toute sa scolarité à Quimper. Engagée comme travailleuse sociale dans un service d’accueil pour les jeunes exilés, elle raconte son quotidien.

Elle est de retour dans le Finistère pour les fêtes de fin d’année. C’est ici que Rozenn Le Berre a grandi, scolarisée au collège et au lycée Brizeux de Quimper, avant de partir faire ses études à Rennes, puis à Toulouse. Est-ce d’ici que vient la force de son engagement pour le respect des droits de chacun ? « Je n’en sais rien ! Il n’y a aucune histoire de migration dans ma famille, on est Bretons depuis des milliers d’années », plaisante-t-elle.

Ne pas oublier l’histoire de ces jeunes

Pourtant, les migrants, réfugiés, sans-papiers, exilés sont la base de son engagement et l’objet du livre qu’elle vient de faire publier aux éditions La Découverte. Son tout premier. Un texte qui était d’abord, pour elle, une façon de garder en mémoire toutes les rencontres et les histoires de vie qu’elle a croisées, durant ses 18 mois en tant que travailleuse sociale, au sein d’un service d’accueil pour les jeunes exilés, dans une ville dont elle taira le nom pour préserver leur anonymat.

Un livre cathartique, où elle évoque la schizophrénie du métier : « Accompagner et, en même temps, faire partie du système. » Un système où les travailleurs sociaux doivent rédiger des rapports, prouvant à l’administration que les jeunes sont effectivement mineurs et effectivement isolés en France. Si c’est le cas, ils ont le droit à un toit et à une scolarisation. Sinon, c’est la rue et pas de papiers.

Dans son ouvrage, elle place le lecteur à ses côtés, dans son bureau. Les jeunes défilent, racontent leur histoire, leur long parcours jusqu’ici. Ils sont combatifs, ils ont une foi à toute épreuve. « Je les trouvais extrêmement calmes, ils acceptaient presque trop facilement le non-respect de leurs droits », dit Rozenn. L’un de leurs droits : être à l’abri durant toute la procédure d’évaluation. Pourtant, beaucoup étaient à la rue car le centre d’accueil n’était pas suffisamment grand.

Engagée pour les étudiants sans-papiers

Étudiante en science politique, Rozenn s’est tournée vers le travail social. À la fac, elle s’engage pour les étudiants sans-papiers. Pourtant, son job au sein du service d’accueil pour jeunes exilés est dû en partie au hasard. « Je rentrais d’un voyage au Chili, je cherchais du travail, j’ai trouvé cette offre sur Pôle emploi, raconte-t-elle. Ils cherchaient des personnes parlant plusieurs langues, mes compétences en portugais leur ont plu, ils recevaient alors beaucoup de jeunes Angolais. »

Elle ne s’attend pas à exercer un métier qui va autant la questionner. « J’ai commencé à écrire quand j’ai quitté le service », dit-elle. Si, au départ, elle ne destine pas son texte à la publication, ses proches et premiers lecteurs vont rapidement la convaincre. Elle publie une partie de son texte sur le site de Libération. Elle aura de nombreuses réactions de travailleurs sociaux se reconnaissant dans ses interrogations.

Quand on l’interroge sur ce qui la motive dans l’aide aux autres, elle nous reprend. « Je n’aime pas le terme aider. Ce que je fais, ce n’est pas de la charité. On n’aide pas ces jeunes parce qu’ils sont gentils, ou parce qu’ils sont pauvres - d’ailleurs, la plupart ne le sont pas, un cliché souvent véhiculé - mais parce qu’ils ont des droits. Par l’aide à l’autre, on s’aide aussi beaucoup soi-même. J’ai beaucoup appris à leurs côtés, ils m’ont beaucoup aidée et moi, je leur apportais mes compétences administratives. Avant tout, c’est un échange. » »

Voir en ligne : http://jactiv.ouest-france.fr/ils-s...