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Les ‘hotsposts’ grecs et italiens toujours pas fonctionnels selon la Cour des comptes

Publié le 26-04-2017

Source : www.euractiv.fr

Auteur : Matthew Tempest

« « Malgré l’aide considérable apportée par l’UE » les centres de réception de migrants en Grèce et en Italie n’offrent toujours pas des conditions d’accueil adéquates, selon la Cour des comptes européenne (CCE).

De surcroît, les experts envoyés par Bruxelles se rendent sur place pour des périodes trop courtes et ne sont donc pas en mesure d’offrir une aide efficace, selon le rapport publié mardi (25 avril).

Entamée en 2015, la crise des réfugiés est l’une des situations d’urgence les plus graves que l’UE ait jamais connu, même si ce sont les États membres qui sont responsables du contrôle des frontières et du traitement des demandes d’asile.

Alors que plus d’un million et demi de personnes atteignaient l’Europe, notamment depuis la Syrie, des pays comme l’Allemagne et la Suède ont ouvert grand leurs frontières pour accueillir les réfugiés. À l’inverse, d’autres États membres, principalement dans les Balkans et en Europe de l’Est, ont choisi d’ériger des murs à leurs frontières.

Outre la crise politique que cela a entraîné au sein même de l’Union, un grand nombre de migrants se sont retrouvés bloqués dans les régions côtières ou les îles italiennes et grecques où ils ont débarqué.

Les arrivées massives ont forcé la suspension du règlement de Dublin, selon lequel les réfugiés doivent demander l’asile dans le premier pays où ils arrivent. La Commission européenne a également dû intervenir pour aider la Grèce et l’Italie à réagir face aux arrivées, à la fois en termes de financement et d’expertise.

L’exécutif européen a également tenté d’imposer un système de quota pour relocaliser des demandeurs d’asile partout en Europe, et pas seulement dans le pays d’arrivée, selon le principe de solidarité. Une initiative très mal vue par certains pays.

Dans son rapport, la Cour des comptes, chargée d’enquêter sur les dépenses européennes en la matière, indique que les fameux « hotspots » voulus par la France ont permis de d’endiguer la crise mais continuent de montrer des failles.

« D’une manière générale, nous avons constaté que l’approche des points d’accès a contribué à améliorer la gestion des flux migratoires dans les deux États membres en première ligne, dans des conditions très difficiles et en perpétuelle évolution, car elle a permis d’augmenter leur capacité d’accueil, de perfectionner les procédures d’enregistrement et de renforcer la coordination de l’aide ».

« Malgré l’aide considérable apportée par l’UE, les structures d’accueil en place fin 2016 dans les deux pays n’étaient toujours pas bien adaptées pour recevoir (Italie) ou pour héberger (Grèce) correctement le nombre de migrants arrivant sur leur territoire », soulignent les auteurs du rapport. « Les structures appropriées pour loger les mineurs non accompagnés et pour traiter leur cas conformément aux normes internationales étaient encore insuffisantes, aussi bien au niveau des points d’accès que lors de l’étape suivante. »

« Ce problème doit être résolu de manière urgente », estime Hans Gustaf Wessberg, un des deux responsables du rapport au sein de la CCE.

Après plusieurs années durant lesquelles les demandeurs d’asile fuyant la guerre civile en Syrie atterrissaient en Turquie, au Liban ou en Jordanie, les réfugiés ont pris en masse le chemin de l’UE fin 2014, mettant en crise le système d’accueil européen.

Si certains des arrivants font partie de la catégorie des « migrants économiques », provenant surtout du nord et de l’ouest de l’Afrique, la vague comprenait un très grand nombre de réfugiés et de mineurs, souvent non accompagnés.

L’itinéraire initial, dit de la Méditerranée centrale (de l’Afrique du Nord à l’Italie), a cédé la place à la route des Balkans, puis à la route de la Méditerranée orientale (de la Turquie vers la Grèce).

Associé à la politique de « portes ouvertes » prônée par Angela Merkel, ce changement de tactique de la part des réfugiés et des passeurs a mené l’UE à conclure un accord avec la Turquie.

En mars 2016, lors d’un sommet à Malte, Ankara a ainsi promis d’accueillir les demandeurs d’asile renvoyés par l’UE et d’empêcher les migrants de s’embarquer à partir de ses côtes vers l’Europe. En contrepartie, l’UE s’est engagée à verser une aide financière de plusieurs milliards d’euros à la Turquie.

En outre, Bruxelles a promis la relocalisation au sein de l’UE de 160 000 demandeurs d’asile en attente d’une décision en Grèce ou en Italie. L’UE a aussi alloué 2,4 milliards d’euros au Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique, dans l’espoir de stabiliser la région et de répondre aux causes premières de l’immigration.

La CCE a cependant souligné que la création de centres spéciaux, les fameux « hotspots », ou centres d’accès, en Grèce et en Italie était « plus lente que prévu et [que] la capacité d’accueil actuelle est encore insuffisante ».

En juin 2016, la Commission avait jugé que les cinq hotspots grecs étaient « pleinement opérationnels », mais pour une capacité d’accueil de 7 450 personnes, soit bien en deçà du nombre d’arrivants.

Le rapport de la Cour pointe également une mauvaise organisation des visites d’experts, qui ne restent chacun que six semaines, voire moins.

« Cette rotation fréquente entraîne bien entendu une perte considérable d’efficience, étant donné que les nouveaux experts ont besoin de temps pour s’adapter au contexte spécifique et apprendre à mieux le connaître », jugent les auteurs du rapport. D’ailleurs, « toutes les parties prenantes interrogées pendant les visites d’audit ont souligné qu’il fallait déployer les experts pendant de plus longues périodes ».

La CCE fait donc quatre recommandations « urgentes » :

l’Italie devrait augmenter le nombre de hotspots sur son territoire et la Grèce améliorer les conditions de logement ;
un agent de protection de l’enfance devrait être affecté à chaque hotspot ;
les missions des experts déployés depuis d’autres États membres devraient être plus longues ;
l’Italie et la Grèce devraient nommer un responsable général de leurs hotspots.
Dans sa réponse officielle, la Commission européenne qualifie le rapport d’« équilibré » et assure accepter les recommandations portant sur le développement d’aspects spécifiques de la stratégie des hotspots. »

Voir en ligne : http://www.euractiv.fr/section/migr...