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Mineurs isolés étrangers : l’accueil en famille, une solution qui ne va pas de soi

Publié le 6-11-2017

Source : www.lemonde.fr

Auteur : Léa Sanchez

« Seule une faible part des mineurs étrangers qui arrivent seuls sur le territoire français bénéficient d’un accueil en famille.

Assise dans la véranda de la longère où elle habite depuis deux ans, Maya feuillette l’album photo réalisé par sa famille d’accueil. On la voit ici devant la mer, là souffler les bougies de son gâteau d’anniversaire… « Au début, le plus dur, c’était de ne pas du tout comprendre le français », se souvient l’adolescente.

Elle fait partie des « mineurs isolés étrangers », désormais appelés « mineurs non accompagnés », ces migrants de moins de 18 ans entrés ou laissés seuls en France, sans leur famille. Majoritairement originaires d’Afrique, ils sont nombreux à venir y chercher refuge. Selon un rapport du Sénat de juin, leur nombre pourrait atteindre « 25 000 d’ici à la fin de l’année, soit une multiplication par deux en un an ». Une hausse que les départements ont des difficultés à prendre en charge. A l’occasion du congrès annuel de l’Assemblée des départements de France, fin octobre, plusieurs présidents de département ont exprimé leur inquiétude face au manque de moyens et de places dont ils disposent pour accueillir ces jeunes.

Manque de places

Arrivée de Mongolie avec une cousine éloignée en 2015, Maya (le prénom par lequel elle se fait appeler en France) vit chez Céline Lauer, une assistante familiale professionnelle qui habite près de Caen et qui accueille depuis quatre ans des mineurs aux situations familiales compliquées.

Dans le Calvados, seuls 3,6 % des 250 mineurs non accompagnés sont placés chez des assistants familiaux. Dans de nombreux départements, le taux est faible. Même chose dans la Vienne, avec 6,8 %, les autres étant logés en hôtels, en foyers, en Maisons d’enfants à caractère social…

Le placement en famille d’accueil des jeunes étrangers isolés permet d’offrir un cadre et une possibilité d’intégration importante, une protection aussi pour les plus jeunes ou les filles. Alors, pourquoi y en a-t-il si peu ? Son développement rencontre plusieurs obstacles.

D’abord, tous ne souhaitent pas intégrer ce dispositif d’accueil – certains ayant par exemple la sensation de « trahir » leur famille biologique en acceptant. Du côté des conseils départementaux, cela peut s’expliquer par différents facteurs : les problèmes de recrutement des assistants familiaux, le manque de places en général dans les familles d’accueil vers lesquelles on va orienter en priorité les plus fragiles, notamment les enfants les plus jeunes, alors que les mineurs étrangers isolés sont souvent de garçons qui ont entre 15 et 18 ans…

« Et puis, il faut trouver une famille ouverte, qui accepte de recevoir un jeune avec une culture très différente », ajoute Céline Hébert, l’éducatrice spécialisée qui suit le parcours de Maya. « J’ai des collègues qui n’en veulent pas », explique Sandy C., assistante familiale dans les Bouches-du-Rhône.

« Démarche citoyenne »

Pour surmonter ces difficultés, certains départements, comme la Vienne ou la Loire-Atlantique, ont mis en place des dispositifs d’accueil dans des familles bénévoles. Un système préconisé par le rapport du Sénat pour les mineurs étrangers ne présentant pas de problèmes particuliers, puisqu’il permet d’allier « pour le département, adéquation de la prise en charge et allégement du coût financier ». Contrairement aux assistants familiaux, ces bénévoles reçoivent uniquement une compensation pour les frais engagés.

« Ce dispositif s’inscrit dans le cadre d’une démarche citoyenne. Cela permet aux mineurs non accompagnés d’être scolarisé, d’améliorer leur français… », affirme le président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein (PS). Dans son département, ce système d’accueil bénévole a été mis en place il y a deux ans à titre expérimental.

Mais, là aussi, il a fallu surmonter certains obstacles : sur les 98 familles à s’être déclarées intéressées dans un premier temps, un quart ont confirmé leur volonté d’accueillir un jeune. Les autres se sont désistées, souvent en réalisant, lors de réunions d’information, qu’il ne s’agissait pas d’accueillir des enfants petits mais des mineurs plus âgés, au vécu souvent difficile ; qu’il faut accepter, aussi, de faire entrer dans sa vie de famille un jeune aux habitudes et aux croyances qui lui sont propres. « Quand ils arrivent chez nous, ils arrivent dans un autre monde », confie une accueillante.

« C’est un métier »

[...] »

Voir en ligne : http://www.lemonde.fr/societe/artic...