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L’accueil mère-enfant des Dentelles va fermer, à Dieppe

Publié le 10-12-2017

Source : www.paris-normandie.fr

Auteur : Mélanie Bourdon

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Le tribunal pour enfant inquiet

Au cours du conseil de juridiction, la juge pour enfants Emmanuelle Houssaye et ses collègues ont tapé du poing sur la table lors de leur présentation de l’état de l’Assistance éducative.

« Depuis 2014 nous sommes deux juges pour enfants au tribunal de Dieppe mais il n’y a qu’un seul greffier. Et il est en souffrance ! Nous suivons actuellement 654 dossiers soit environ mille mineurs. Nous avons été obligés de fermer l’après-midi pour que le greffier puisse faire son travail ».
Le service a deux missions : la protection de l’enfance et la lutte contre la délinquance des mineurs.

Outre ce manque de personnel, le tribunal pour enfants déplore la lenteur de la mise en application des décisions de justice : « Fin août, soixante-neuf mineurs étaient en attente de placement. Le centre d’accueil mère-enfant va fermer, alors que plusieurs mamans lui ont été adressées ». Et de poursuivre : « Les mineurs étrangers sont accueillis dans les hôtels de Dieppe. Certains ont 13 ans. En France, les parents seraient condamnés pour cet abandon... On parle beaucoup de radicalisation, mais que fait-on pour ces jeunes qui arrivent ? Un éducateur passe de temps en temps. Ce sont des enfants perturbés, seuls, qui ne parlent pas français. Souvent ils ont perdu un ou des frères et sœurs dans la traversée... On sait pourtant que lorsqu’ils sont placés, cela se passe bien ».

Dans le viseur de la juge, l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Geneviève Beridoy, du service du Département, lui a répondu : « Il y a trois ans, nous gérions trente dossiers de mineurs non accompagnés. Aujourd’hui, nous en avons quatre cents sur le département. Cela amène un changement des pratiques. Pour faire face, notre seule solution d’hébergement c’est l’hôtel. Les éducateurs y passent régulièrement. Nous demandons que l’État soit un soutien pour le Département, comme sur la scolarité. Deux appels à projet sont en cours dans le Département.  »

La salariée du Département charge à son tour le tribunal de Dieppe : « La capacité d’accueil de la Seine-Maritime est supérieure à celle des autres départements. Mais il faut s’interroger sur nos pratiques respectives. On doit se poser la question de la durée des mesures de placements prises. Le volume du 76 est supérieur à celui des autres départements. »

Emmanuelle Houssaye a conclu : « Il faut être lucide sur notre public. On a des enfants qui ne retourneront jamais dans leurs familles du fait de tant de difficultés. Nous comprenons les contraintes qui se posent au conseil départemental. Mais nous sommes face à un principe de protection qui est inscrit dans le droit français. Un certain nombre de dispositifs légaux doivent être mis en œuvre. La question politique du Département de la protection de l’enfance pose problème. »

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Voir en ligne : http://www.paris-normandie.fr/diepp...