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Grèce : les enfants migrants toujours victimes de violences et des réseaux de prostitution

Publié le 6-04-2018

Source : www.infomigrants.net

Auteur : Chloe Lyneham

« En Grèce, les mineurs non-accompagnés sont particulièrement exposés à la violence et aux dangers de la prostitution. La faute à la surpopulation dans les camps de migrants et à un manque de moyens de l’État grec pour les protéger.
En 2017, un rapport de l’Université de Harvard "Emergency within emergency (Urgence dans une situtation d’urgence)", pointait du doigt les violences auxquelles étaient soumis les enfants non-accompagnés dans les camps en Grèce. Il y était question d’abus, de violences physiques et sexuelles.

L’un des objectifs du rapport était d’inciter les législateurs à réagir. Près d’un an plus tard, peu de choses ont changé.

Des conditions de vie dangereuses

De nombreux migrants, dont des enfants, sont toujours hébergés dans des camps qui ne sont pas adaptés pour des longues durées, "dans des parkings, des entrepôts, d’anciens camps de l’armée, des usines abandonnées à l’extérieur des grandes villes", pouvait-on lire dans le rapport.

Le camp de migrants sur l’île de Samos en est un exemple. Construit dans une ancienne base militaire sur le flanc d’une colline, il n’est pas adapté pour les enfants Prévu pour accueillir 700 personnes, il compte actuellement 1 600 migrants. Depuis l’accord UE-Turquie, il est passé de "camp de transit" à celui "d’hébergement à long terme". Enfants et adultes s’y croisent donc quotidiennement.

L’une des zones est pourtant exclusivement réservée à l’hébergement des mineurs non-accompagnés. Mais la sécurité y est problématique. L’année dernière, l’espace enfant a été attaqué par des adultes, raconte Anouk, membre de l’association Samos Volunteers. "Toutes les fenêtres ont été cassées, et elles n’ont toujours pas été réparées", raconte-t-elle. "C’est aussi là que la plupart des bagarres ont lieu", ajoute-t-elle, "On n’a pas pris de mesures de sécurité supplémentaire pour protéger ces enfants."

A la fin du mois de mars, après une année de lobbying, un policier grec a - enfin - été dépêché devant le logement des mineurs non-accompagnés. "Je ne sais pas encore si cela fait une différence", précise Anouk, " il y a actuellement 36 mineurs non-accompagnés dans le camp [de Samos]. Ces enfants sont pour la plupart livrés à eux-mêmes. Personne ne les surveille, ne les encadre."

Le rapport de l’Université de Harvard va dans le même sens qu’Anouk. "Les enfants courent un risque accru, ils peuvent tomber sous l’influence d’adultes", peut-on y lire. "La cohabitation forcée de migrants d’origines, de genres et d’âges différents dans des conditions inhumaines [...] a, comme on pouvait s’y attendre, généré de la colère, de la frustration et des sentiments d’hostilité qui se traduisent souvent par des actes de violence".

La nuit, l’éclairage insuffisant dans le camp empêche les femmes et les enfants de se rendre aux toilettes. ’Ils doivent uriner dans des bouteilles, dans leurs tentes ", déplore encore la bénévole Anouk.

" Il arrive que des garçons disparaissent. Personne ne sait ce qui leur est arrivé"

Manque de ressources

"Les capacités et les ressources institutionnelles de la Grèce sont très limitées", ont constaté les chercheurs de l’Université de Harvard. Même son de cloche de Samos Volunteers : le camp est fortement sous-financé. Il y a un seul médecin et un seul psychologue pour les 1 600 résidents.

Faute d’encadrement, certains mineurs arrivent à quitter le camp pour poursuivre leur voyage.

Certains efforts sont pourtant entrepris par l’État grec pour protéger les enfants, comme les transférer sur le continent. Mais là encore les ONG sont sceptiques. "Pendant les transferts, il arrive que des garçons disparaissent. Personne ne sait ce qui leur est arrivé", déclare Anouk.

Sur le continent, beaucoup d’enfants tombent aussi dans des réseaux de prostitution - notamment pour financer la suite de leur voyage. Le rapport Harvard parle à ce sujet d’un "commerce du sexe infantile florissant", notamment dans les parcs d’Athènes où les enfants reçoivent un peu plus de 15 euros pour avoir des relations avec des hommes plus âgés.

"Tout enfant migrant, quelle que soit son origine, court le risque d’être victime du commerce du sexe", peut-on encore lire dans le rapport d’Harvard. Les victimes viennent des camps alentours. Ils se rendent à Athènes pour se prostituer et ensuite ils retournent dans leur camp." »

Voir en ligne : http://www.infomigrants.net/fr/post...