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Au centre d’accueil de jour de MSF à Pantin, un moment de répit pour les mineurs des rues

Publié le 30-03-2018

Source : www.infomigrants.net

Auteur : Julia Dumont

« MSF a ouvert début décembre un centre d’accueil de jour pour mineurs non-accompagnés, déboutés de leur minorité. Les adolescents peuvent y trouver une aide juridique, sociale et psychologique. Pour eux, c’est aussi l’occasion de quitter la rue et leur solitude pour quelques heures.

Un jeune homme s’est endormi sur un canapé, sous un duvet rouge. À ses côtés, un adolescent n’a même pas pris le temps d’ôter son manteau et son sac à dos avant de s’allonger sur une table basse et de fermer les yeux.

Les deux garçons, épuisés, se reposent dans les locaux du centre d’accueil de jour de Médecins Sans Frontière (MSF), à Pantin, en région parisienne. Ici, une cinquantaine de mineurs non-accompagnés dont la minorité n’a pas été reconnue, sont accueillis par les équipes de MSF. Ils sont épuisés par la vie dans la rue. Ces adolescents, des garçons pour l’immense majorité, ne bénéficient donc d’aucune aide de l’État, d’aucun hébergement, contrairement aux mineurs reconnus, et pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE).

(...) Les jeunes ne peuvent généralement accéder à la structure qu’avec un rendez-vous. Le centre, par manque de place, ne peut pas accueillir plus de 50 personnes.

Détente entre jeunes

Samaté, bientôt 17 ans, a été déposé au centre par une association d’aide aux adolescents avec tout ce qu’il possède : un sac à dos noir rempli de quelques vêtements et un document protégé par une pochette plastique.

"Le juge pour enfants qui l’a reçu a estimé qu’il n’avait pas suffisamment de preuves pour affirmer qu’il était pas mineur. Dans le doute, il a refusé de statuer en sa faveur", explique Caroline Douay, coordinatrice de projet MSF à Paris et en Île-de-France, après avoir consulté le document. Le jeune homme au visage d’enfant va pouvoir rester au centre quelques heures.

Dans une des salles d’activités, il se mêle à un groupe d’adolescents attablés autour d’un café. Âgés de 16 ou 17 ans, ces garçons passent la plupart de leurs nuits dans la rue. Ils dorment parfois un jour ou deux à l’hôtel ou bien dans une famille si l’association Utopia 56 leur trouve une place.

"Beaucoup de jeunes s’identifient à un déchet"

"Tous parlent d’un avant et d’un après sur le refus de reconnaissance de leur minorité", explique Mélanie Kerloc’h, psychologue au centre MSF. "Lorsqu’ils demandent que leur minorité soit reconnue, ils se livrent, ils parlent de leur intimité. Ne pas être reconnu mineurs, leur donne l’impression qu’ils ont menti."

Dans son bureau, la psychologue voit passer des adolescents profondément marqués. "La rue est un milieu sur-stimulant, donc très fatiguant, où ils n’ont aucune protection […] Beaucoup de jeunes s’identifient à un déchet que l’on aurait jeté. Ils craignent de ne plus pouvoir sortir de cet état", explique-t-elle.

"Les jeunes peuvent avoir tendance à penser que leurs souffrances ne se soignent pas, qu’ils sont condamnés à vivre avec. Mon travail consiste à leur permettre de nommer leur mal", souligne Mélanie Kerloc’h.

Ibrahim voit la psychologue régulièrement. Ce Guinéen de 16 ans, anorak noir et bonnet orange, vit à la rue depuis plus d’un mois. Une situation à laquelle il ne s’attendait pas du tout : "Quand on vit en Afrique, on pense que la France est un paradis".

Le jeune homme attend une réponse sur sa minorité, sa situation pourrait bientôt s’arranger. Un proche resté en Guinée a pu lui envoyer son extrait de naissance. "Je reste très inquiet parce que j’ai vu des amis qui avaient tous leurs papiers mais, malgré cela, le juge ne les a pas reconnus mineurs. Ils sont toujours dehors avec nous", confie Ibrahim.

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Voir en ligne : http://www.infomigrants.net/fr/post...