Seuls, ils dévoilent leur trajectoire sensible

« Ce sont les copains qui nous ont parlé de la Mezzanine », raconte Thierno. Âgé de 17 ans, il est arrivé en France, il y a un mois, après un long périple de plusieurs mois, Guinée, Burkina Faso, Niger, Lybie, puis Italie en canot pneumatique et la France. Diallo, 17 ans aussi, originaire de Guinée également, est à Rennes depuis trois mois, après un périple un peu différent, mais tout aussi long et éprouvant. Tous les deux logent à l’hôtel, mangent au restaurant universitaire. « On espère pouvoir aller bientôt à l’école. » Thierno rêve plus tard d’être plombier ou carreleur, Diallo, se voit davantage dans le commerce.

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Ils ont intégré l’atelier proposé par la bibliothèque. « Ces ateliers ont été mis en place après qu’on a remarqué la présence de jeunes Albanais, mineurs isolés, qui étaient en attente de scolarisation. Ils venaient jouer aux cartes, s’occupaient avec leurs portables. On a eu envie de leur proposer quelque chose », se souvient Hélène Le Goff, bibliothécaire. Le contact est pris avec les éducateurs de la Mission mineurs non accompagnés, qui passent le message aux mineurs isolés.

La bibliothèque invite l’auteure Jessie Magana, directrice de la collection Français d’ailleurs qui réalise des ateliers dans des classes d’élèves primo-arrivants et à l’origine, l’an dernier, de la vente d’illustrations au profit de l’accueil des réfugiés.

Six ateliers sont organisés, écriture, mais aussi illustration avec Marine Frugès, Benoît Morel et Andrée Prigent. Une quantaine de jeunes âgés de 16 à 18 ans, participent, essentiellement des garçons, « dont huit jeunes très impliqués. »

« On leur a demandé de réaliser un portrait chinois, autour de la couleur, de l’animal, d’un plat et d’un sentiment. On a eu des retours très forts, autour de la peur et du courage. On les a vus s’encourager. » Ils ont aussi évoqué leur voyage, seuls, loin de leur famille, réalisé des illustrations à partir de gravure, tampons, empreintes. « Et si l’atelier était destiné aux mineurs étrangers isolés, il était ouvert à tous. Ce qui a donné des rencontres très émouvantes. Je pense à des élèves d’une classe de Vitré, passés aux Champs libres, qui sont restés toute l’après-midi avec eux. »

Les travaux des jeunes sont exposés à la Mezzanine, jusqu’à la fin mai.