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Du Mali aux Vosges, comment ces jeunes migrants sont devenus bénévoles pour un festival

Publié le 24-08-2018

Source : www.vosgesmatin.fr

Auteur : Julia Mariton

Extraits :

« Le festival de reggae Festi’lac revient ce week-end pour sa deuxième édition. Cette année, les organisateurs ont noué un partenariat avec la structure Adali, en charge des mineurs étrangers non accompagnés.

Dans son écrin de verdure, au cœur des montagnes vosgiennes, la base nautique de Saulxures-sur-Moselotte accueille les derniers vacanciers sous un soleil de plomb dont le reflet se perd sur le lac.
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Derrière la plage, un vaste terrain prévu pour la scène, s’étend, entouré de grilles piquées dans des plots en béton. Huit jeunes hommes les assemblent tout en écoutant de la musique sur leur téléphone, se parlant en français ou en bambara. Ils viennent du Mali, de Guinée, du Libéria ou encore de Côte d’Ivoire. Tous sont des mineurs non accompagnés (MNA) placés sous la responsabilité du Conseil départemental et encadrés au quotidien par l’association Adali.

« Je n’ai dit au revoir à personne »

Accompagnés par leurs encadrants, une trentaine d’entre eux participent bénévolement à la mise en place du festival, sans se douter qu’ils pourront même rencontrer les artistes après les concerts. Cette réalité presque trop belle pour être vraie, ils ont été la chercher au péril de leur vie.

Mahamadou Diawara a 17 ans. Ce Malien a traversé la Méditerranée non pas une mais six fois avant de parvenir à atteindre l’Europe. « C’était sur un bateau comme ça », explique-t-il en désignant le canot pneumatique d’un enfant jouant là. Si le lac de Saulxures est clément, la Méditerranée l’est nettement moins. « Nous étions 31 personnes. Le bateau s’est dégonflé mais tout le monde n’avait pas de gilet de sauvetage », raconte-t-il, le regard au loin, la voix étouffée par le même air qui manqua au canot. Plusieurs n’en ont pas réchappé ; pourtant, Mahamadou a retenté sa chance. « La Marine marocaine nous ramène à la frontière mauritanienne pour nous épuiser. Ceux qui ne peuvent plus payer les passeurs rentrent chez eux », constate-t-il. Sa sœur, restée au pays, a payé pour lui. Privé de portable après le premier naufrage, il n’a pu lui dire qu’il était en vie qu’une fois en Espagne.

Souvent, les familles ne sont pas au courant que les enfants partent. « Si on leur disait, elles nous en empêcheraient », justifie Ali Traoré. Son frère et lui ont été capturés lors de leur passage en Libye par des hommes espérant leur soustraire quelque argent. Après dix jours d’emprisonnement, ils ont réussi à s’échapper, s’embarquant chacun sur un bateau pour l’Europe. Ali est parti en premier ; son frère devait le suivre les jours suivants. « Je ne sais pas ce qu’il est devenu », glisse-t-il avec émotion.

Mohammed Kourouma est né en 2001, en Guinée, dans un camp de réfugiés installé par la Croix-Rouge. Sa famille a fui le Libéria suite à la première guerre civile de 1989. Assurés que le pays était sécurisé, tous y retournent en 2002 mais une deuxième guerre civile éclate avec, au cœur du conflit, des enfants soldats tirant au hasard sur les populations. « J’étais trop jeune pour m’en souvenir mais ma sœur, violée pendant cette guerre, m’a raconté comment mes parents sont morts devant elle », relate Mohammed, mobilisé désormais pour financer les soins psychologiques dont elle a besoin.

Pour chasser ces souvenirs par des épisodes plus heureux, ces jeunes apprennent le français et étoffent des projets scolaires ou professionnels. Certains, comme Keita Bakaky, ont même trouvé de l’apprentissage. « Je suis embauché chez Bové à la rentrée », sourit celui qui partage la même nationalité que la star ivoirienne du Festi’lac, Alpha Blondy. »

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