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Mineurs étrangers : la France démunie appelle la police marocaine à l’aide

Publié le 31-08-2018

Source : www.mediapart.fr

Auteurs : Rachida EL AZZOUZI et Mathilde MATHIEU

Extraits :

« À Paris, des dizaines de mineurs marocains errent dans le quartier de la Goutte d’or, à la fois victimes et auteurs de violences qui rendent la vie des habitants infernale. Dépassées, les autorités françaises ont fait appel tout l’été à des policiers marocains pour faciliter d’éventuels rapatriements. Enquête sur un phénomène alarmant.

Quand Abdel* a raconté, le premier, qu’il venait de tomber nez à nez avec des policiers marocains pendant sa garde à vue au commissariat de Barbès, personne ne l’a cru : « T’as pris trop de drogues ! » Même les éducateurs ont écarquillé les yeux : « T’aurais pas confondu avec des interprètes ? » Puis il a fallu se rendre à l’évidence. Cet été, sous la pression de la France, le Maroc a bien mandaté six agents, dont quatre policiers, pour prêter main-forte aux autorités françaises dépassées par des dizaines d’adolescents marocains, des « mineurs non accompagnés » dans le jargon (MNA), qui errent au cœur du XVIIIe arrondissement de Paris, dans le quartier de la Goutte d’or.

Cette coopération policière exceptionnelle avec le royaume du Maroc, qui vise à permettre l’identification et le renvoie "à la maison" de certains jeunes, inquiète nombre d’associations d’aide aux étrangers, soucieuses que la France respecte ses obligations légales et internationales vis-à-vis de tous les mineurs entrés sans famille sur son territoire : les accueillir, les protéger, évidemment pas s’en débarrasser.

(...)
Au Gisti aussi, on se méfie. "Il faut non seulement s’assurer du consentement du mineur (potentiellement en danger) et du consentement de sa famille, réagit Jean-François Martini. Mais il faut que le juge des enfants français obtienne des garanties sur la scolarisation au Maroc, le logement, ect. Ca ne peut se faire à l’aveuglette. Au minimum, il faut un rapport des services sociaux marocains, et pas des services de police. Voire un transport sur place d’un service éducatif français, si ce n’est d’un juge.

(...) "La différence entre un renvoi forcé et une bonne mesure d’assistance éducative se loge dans les détails", rappelle ainsi Jean-François Martini.

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Le gouvernement voudrait d’ailleurs aller plus loin encore. D’après nos informations, l’exécutif réfléchit à la possibilité de rapatrier certains MNA non pas dans leur famille, mais dans des structures d’accueil dédiées aux enfants des rues.

Dans ses réponses à Médiapart, en effet, le cabinet d’Edouard Philippe défend, noir sur blanc, l’idée d’un retour "soit pour les remettre à leurs parents, soit pour les placer dans une structure adaptée" au Maroc. (...)

Ce n’est plus la même chose. Du tout. Et la France, qui se doit d’agir "en conformité avec l’intérêt supérieur" des mineurs isolés, devra démontrer que ce dernier peut se nicher dans un centre social de Rabat ou Casablanca plutôt qu’à l’ASE.

(...) »

Voir en ligne : https://www.mediapart.fr/journal/fr...