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Mineurs isolés étrangers dans l’agglo de Rouen : les associations tirent la sonnette d’alarme

Publié le 18-09-2018

Source : 76Actu

Auteur : Fabien Massin

Extraits :

« À Rouen (Seine-Maritime), les associations humanitaires alertent les pouvoirs publics sur la situation des mineurs isolés étrangers et font part d’un nombre de cas en forte hausse.

La situation des mineurs isolés étrangers, à Rouen (Seine-Maritime), s’aggrave de semaine en semaine. Tel est le constat établi par les associations humanitaires (Réseau éducation sans frontière, Ligue des droits de l’homme, la Cimade…), qui rapportent avoir vu croître le nombre de jeunes étrangers se retrouvant à la rue. Vendredi 14 septembre 2018, des représentants associatifs étaient réunis au squat du Hameau des brouettes, où logent plus de 150 migrants depuis mai 2018 – mais qui doivent être expulsés d’ici le 13 octobre -, pour évoquer la situation.

« Ce sont avant tout des enfants ! »

En cause, notamment, selon les associations, le délai d’attente trop long, avant que les jeunes obtiennent un rendez-vous d’évaluation de leur minorité. Or cette reconnaissance de minorité est une condition préalable pour une prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE), service du Département.

« Pendant cette attente, ils sont laissés à la rue, se désole Kévin-Émeric Théry, militant du réseau solidarité migrants. Et quand on parle de mineur isolé ou de mineur non accompagné, derrière ces mots, on oublie que ce sont avant tout des enfants ! Or personne ne peut accepter que des enfants dorment sous les ponts. »

Depuis la rentrée, une vingtaine d’entre eux est venue trouver refuge au Hameau des brouettes, qui ne dispose déjà plus de logements libres. Pour les accueillir, des tentes ont été montées dans des salles.

16 ans et un pont pour toit

Parmi eux, Toumany*, 16 ans, originaire de Guinée-Conakry. Lui est arrivé en France en avril 2018. « J’ai connu beaucoup de problèmes familiaux, raconte-t-il. Depuis la mort de mon père en 2016, ma vie a été bouleversée. On m’a déscolarisé. Je ne voulais pas partir, ce n’était pas ma décision. »

Chassé hors de chez lui, il effectue alors le long et dangereux voyage vers l’Europe : via le Mali, l’Algérie, le Maroc, puis traversant la Méditerranée à bord d’un bateau pneumatique rempli plus que de raison. À Paris, il ne reste qu’une demi-journée. Ne sachant où aller, il suit un groupe de migrants, qui va à Rouen. Là, il passe plusieurs semaines dans la rue, dormant sous les ponts.

« Je faisais la mendicité, de bar en bar. Au bout d’un moment, j’ai rencontré des gens qui m’ont conseillé d’aller voir Médecins du monde. C’est comme ça que je suis arrivé ici, au Hameau des brouettes. »

C’était il y a quinze jours. Depuis, il attend son rendez-vous pour l’évaluation de minorité, fixé au 1er octobre. « Les conditions ne sont pas très bonnes, ici, mais les associations cherchent à faire le mieux pour nous », remercie l’adolescent.

(...)

Bond du nombre d’arrivées cet été.
Interrogée par 76actu, lundi 17 septembre 2018, Nathalie Lecordier, vice-présidente en charge de l’enfance et de la famille au Département de Seine-Maritime, informe : « Depuis le printemps, nous avons délégué l’examen de minorité au Caps (comité d’action et de promotion sociale), association qui s’en occupe déjà pour le Département de l’Eure. Cela, afin d’améliorer l’accueil de ces jeunes. Effectivement, les délais d’obtention sont plus longs depuis août, car cet été, il y a eu un afflux d’arrivées de mineurs isolés. Avant l’été, le nombre de jeunes arrivant ici s’était tassé, mais il a redoublé depuis, engorgeant le système. En fait la donne change en permanence, et nous devons sans cesse nous adapter. Nous en sommes bien conscients et faisons tout avec le Caps pour améliorer la situation. Je souligne que le Département de Seine-Maritime consacre 26 millions d’euros par an à la question des mineurs isolés, et ce budget n’est pas du tout à la baisse. En 2017, nous avons proposé 170 hébergements supplémentaires, et nous lançons bientôt un appel à projet pour 250 autres. » »

Voir en ligne : https://actu.fr/normandie/rouen_765...