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Mineurs étrangers isolés à Lyon : “Accueillir c’est se mettre hors la loi”

Publié le 10-12-2018

Source : Lyon Capitale

Auteur : Flora CHADUC

Extraits :

«  (...) Le film traite ce sujet par le prisme des citoyens qui, dans l’illégalité, décident d’accueillir chez eux des jeunes migrants sans toit à Lyon. La réalisatrice nous a accordé une interview dans laquelle elle dénonce la non-prise en charge de ces jeunes.

Pourquoi avez-vous choisi de faire témoigner des accueillants ?

La question des migrants est largement traitée dans les médias, et déjà beaucoup de films ont été faits. C’est une façon de changer de regard, de parler de cette crise migratoire autrement. Cela nous intéressait aussi que le spectateur puisse s’identifier aux personnes que l’on présente. Ce ne sont pas des personnalités militantes, ce sont des gens comme tout le monde (...)

Ce documentaire est-il une forme de militantisme ?

C’est une cause simplement humaine, tous les gens nous le disent. Ils ont ouvert leur porte parce qu’ils ont croisé un jeune. Il s’agit d’une rencontre entre deux êtres humains. Ce qui est surprenant, c’est que ce sont des gens qui n’y avaient jamais pensé. Ils viennent de n’importe quel bord politique et sont embarqués là-dedans. Une des accueillantes, m’a dit : « On arrive avec un bol de soupe. Il est difficile ensuite de ne pas prendre la banderole. » Moi-même, je ne mesurais pas ce à quoi ces jeunes se confrontent au quotidien. J’étais très touchée quand je voyais les problèmes en Méditerranée. Mais je n’avais pas perçu la violence de l’accueil qui n’existe quasiment pas. On se trouve plus dans une politique de "comment on va les faire partir", plutôt que dans une politique d’accueil.

“Ces enfants n’existent pour personne”

(...)

Accueillir, c’est se mettre hors la loi, mais ce n’est pas non plus comme aider un jeune à passer une frontière. Effectivement, ils accueillent ces jeunes, mais ce qui m’inquiète plus, c’est le fait que l’Etat soit hors la loi. Ces jeunes n’existent pas aux yeux de l’administration. Ces enfants sont dans les rues, ils n’existent pour personne. Les accueillants les hébergent, mais il n’y a aucun contrôle. La plupart du temps, ce sont des gens bienveillants, heureusement. Mais rien n’est fait pour les enfants, et cela ouvre la porte à toutes les dérives possibles. Je ne l’ai pas vu, mais je le suppose. Quand je vois des gamins de 15-16 ans errer sans aucune considération, on peut supposer que… (ndlr : qu’ils peuvent être victimes de dérives). Durant l’été dernier, on a pu constater une récupération politique par des mouvements qui venaient s’indigner de cet accueil. À tous les niveaux, la non-prise en charge de ces jeunes est grave.

(...)

Avez-vous conservé des contacts avec les témoins du documentaire ?

Je suis en contact avec les jeunes ou les accueillants. La suite n’est pas drôle pour les trois quarts d’entre eux. Certains ont reçu des OQTF (ndlr : obligation de quitter le territoire français). L’un des jeunes a reçu une convocation de la police aux frontières, qui l’accuse de falsification de ses papiers. Pourtant, il y a un an, il avait été déclaré mineur et était scolarisé, avec des papiers officiels. C’est leur quotidien : on vous dit oui, et un an après ça peut se transformer en non. Ils ont, en permanence, une épée de Damoclès au-dessus de la tête. C’est une politique de terreur. »

Voir en ligne : https://www.lyoncapitale.fr/actuali...