InfoMIE.net
Informations sur les Mineurs Isolés Etrangers

Accueil > Actualités MIE > Tests osseux : « Ça faisait un peu peur », témoigne Nicolas, Guinéen de 16 (...)

Tests osseux : « Ça faisait un peu peur », témoigne Nicolas, Guinéen de 16 ans

Publié le 12-03-2019

Source : Le Parisien

Auteure : Pascale Égré

Extraits :

«  Ce jeune exilé, pris en charge par Médecins sans frontières, a finalement été reconnu mineur. Les tests osseux lui donnaient entre 18 et 19 ans.

À 14 ans, après la mort de son père, Nicolas*, né en Guinée-Conakry, a été chassé de chez lui par un oncle. « Il voulait récupérer les biens. » Envoyé au Sénégal, il suit un cousin à peine plus âgé sur la route de l’exil. Lorsqu’il parvient en France, via le Maroc et l’Espagne, en avril 2018, il a 16 ans. (...)

Comme nombre de ses pairs, Nicolas a atterri à Paris dans les campements de la Porte de la Chapelle (XVIIIe). Avant de connaître le parcours « classique » des mineurs étrangers isolés : évaluation de son âge par le dispositif Croix-Rouge, foyer, retour à la rue, saisine du juge des enfants… Et puis ce passage à l’hôpital où « des machines qui scannent » lui ont radiographié la main gauche. « Ça faisait un peu peur quand même. »

Ces tests osseux, pratiqués sur les migrants se disant mineurs, sont critiqués pas les associations car leur fiabilité pose question. Une dizaine d’entre elles soutiennent une avocate qui a saisi le Conseil constitutionnel d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur la légalité et la fiabilité de ces tests. Cette dernière sera examinée ce mardi. Nicolas, lui, a su que cela devait « préciser une date », mais ne comprend pas : « Si tu as ton extrait de naissance, ce n’est pas normal. » Les tests osseux lui donnaient « entre 18 et 19 ans ». Ses papiers, revenus certifiés conformes, les 16 ans qu’il annonçait. Nicolas a exercé un recours.

Ni mineur, ni majeur

En attendant la réponse du juge, Nicolas a été pris en charge par Médecins sans frontières (MSF) dans un hôtel de Neuilly-Plaisance en Seine-Saint-Denis (NDLR : où s’est déroulé l’entretien) puis dans une famille du Sud-Ouest. (...)

Ces jeunes « ni mineurs ni majeurs », car en attente du résultat d’un recours contre leur première évaluation, forment « une population invisible, car elle n’est nulle part », souligne-t-elle [Corinne Torre, cheffe de mission France de l’ONG]. « Outre la violence du départ, des persécutions parfois subies, en Libye, au Maroc ou en Algérie, ils sont confrontés ici à un système kafkaïen, qu’ils ne comprennent pas », constate-t-elle. Or, selon les données de l’association, la moitié de ceux qui contestent se voient finalement reconnaître mineurs.

Tel a été le cas pour Nicolas, après avoir été confronté à la rue et ballotté durant près d’un an… Il y a quelques jours, le juge l’a reconnu mineur et a ordonné son placement à l’Aide sociale à l’enfance. Pour six mois.

* À sa demande, son prénom a été modifié. »

Voir en ligne : http://www.leparisien.fr/societe/te...