InfoMIE.net
Informations sur les Mineurs Isolés Etrangers

Accueil > Actualités MIE > A Chenôve, des portes ouvertes dans un squat en sursis

A Chenôve, des portes ouvertes dans un squat en sursis

Publié le 17-03-2019

Source : France Bleu

Auteur : Jacky Page

Extraits :

«  A Chenôve, on pouvait visiter un squat ce 17 mars. Celui du boulevard Henri Bazin, où depuis le mois d’octobre dernier, une centaine de migrants ont trouvé refuge dans des locaux désaffectés de la CPAM. Un abri dont ils pourraient bientôt être expulsés.

(...)

Un espace réservé à l’hébergement d’urgence des mineurs

Les anciens bureaux accueillent des pièces de vie et des dortoirs. Au fond d’une salle, derrière des tentures, on aperçoit des tentes. C’est là que sont logés les mineurs non accompagnés, entrés en France sans leur famille, le temps de leur trouver un hébergement décent, explique Sam, bénévole à SOS Refoulement : « entre une demi-douzaine et une vingtaine de mineurs sont accueillis ici en permanence. Légalement, ça dépend du droit de l’enfance, et c’est le Conseil départemental qui doit les prendre en charge, mais il y a toute une série de contentieux, qui fait que ces adolescents se retrouvent à la rue, pendant quelques semaines à quelques mois. On a mis en place un espace d’accueil d’urgence qui leur est réservé ».

Des adultes en attente d’hébergement

Sur le sol de la pièce qui sert de cuisine, deux grosses marmites fument, sur des réchauds à gaz. Trois hommes préparent du riz. Les migrants organisent les tours de corvée, comme le précise Adam, 26 ans, réfugié tchadien : « chaque jour, cinq personnes font la cuisine, matin et soir ». Pour Adam, l’expérience n’est pas nouvelle. C’est son quatrième squat depuis qu’il est arrivé à Dijon.

Dans une vaste pièce en sous-sol, quelques matelas sont alignés le long d’un mur. Sur le sol, un grand tapis. Cette salle fait office de dortoir et de salle de prière. C’est là que se tient Youssouf. Le jeune homme affirme être le seul migrant Tanzanien de l’agglomération dijonnaise. Il s’exprime très bien en français, langue qu’il a apprise dans son pays, et qu’il est venu perfectionner en France avant de décider d’y rester, parce qu’il se sentait en danger chez lui : « je me suis engagé en politique dans un parti d’opposition. Et nous, les jeunes opposants, nous sommes toujours persécutés, arrêtés, et portés disparus ». Arrivé à Dijon en octobre 2018, il a aussitôt emménagé dans le squat du boulevard Henri Bazin, dans l’attente d’une place en CADA, centre d’accueil des demandeurs d’asile.

Toujours un manque de places dans les CADA

Car c’est bien là le problème, souligne Anouk Coqblin, présidente de l’association d’aide aux migrants SOS Refoulement : « au niveau national, on constate une pénurie d’hébergements dans les CADA. Des dispositifs complémentaires ont été créés par l’État, mais il y a quand même un manque de places ».

Les migrants du squat, au nombre d’une centaine, sont majoritairement en situation régulière, selon Paul Garrigues, de la Ligue des Droits de l’Homme, qui rappelle que la démonstration en a été faite lors de l’évacuation du squat de l’avenue de Stalingrad à Dijon l’été dernier : « sur 64 personnes, ils n’en ont trouvé que quatre dont ils ont contesté la régularité du séjour en France. Ils ont été envoyés en centre de rétention administrative, qui les a relâchés, ce qui prouve que ce n’était pas si clair ».

Expulsables après le 31 mars

(...) Ces anciens locaux de la sécurité sociale à Chenôve sont la propriété de la SEM, la société d’aménagement de la métropole dijonnaise. Le 7 janvier dernier, le juge des référés a accordé aux squatteurs le bénéfice de la trêve hivernale, mais ordonné leur expulsion après le 31 mars. Youssouf s’inquiète : « je ne sais pas où on va aller. Peut-être dans la rue ».  »

Voir en ligne : https://www.francebleu.fr/infos/soc...