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Jeunes migrants du squat de la Croix-Rousse : « Ici, c’est ma maison »

Publié le 16-03-2019

Source : Le Progrès

Auteure : Tatiana VAZQUEZ

Extraits :

«  Il n’y a toujours pas d’eau chaude dans le squat surpeuplé de l’ex-collège Maurice-Scève, mais les conditions de vie sont devenues plus convenables. Pas une raison, selon le collectif de soutien aux jeunes migrants, pour que cela serve de caution à la Métropole.

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Un vaste campement

Le fait est qu’au fil du temps, le squat a trouvé son rythme en autogestion. Une cuisine a été installée : 200 repas par jour sont préparés, 25 kilos de riz au quotidien, écoulés.

Une salle est dédiée aux permanences juridiques pour les mineurs et les jeunes majeurs ainsi qu’à l’accueil des nouveaux arrivants. Du linge sèche sur des cordes tendues. Des inscriptions sur les murs, en français et en anglais, indiquent l’orientation. Par là les chambres et la salle de bain. Par ici, la cuisine et la salle à manger.

Un vaste campement

Le dimanche, c’est opération ménage. A la nuit tombée, le lieu devient un vaste campement : on lit, on écrit, on discute, on regarde un film… « Ici, aujourd’hui, c’est ma maison. Les jeunes qui sont ici et les soutiens, sont ma famille », confie A., Guinéen, qui vit ici depuis septembre.

De très précaire durant les premières semaines, la vie quotidienne est devenue plus « convenable ». Après que la Métropole a perdu son recours devant le tribunal administratif pour faire expulser les occupants du lieu, une mission de diagnostic et de médiation sur le lieu a été réalisée par l’association lyonnaise pour l’insertion par le logement (Alpil).

Celle-ci continue aujourd’hui, d’intervenir, en lien avec le foyer Notre dame des sans-abri. Les ordures ménagères sont à nouveau ramassées. La banque alimentaire apporte de la nourriture et on n’a plus besoin, ou moins besoin, des dons de denrées. Trois blocs sanitaires ont été installés dans la cour avec 9 WC et 9 douches, sauf que l’alimentation électrique du bâtiment 3 ne suffit pas à chauffer l’eau.

Mobilisation le 18 mars

« La convention d’intervention n’a toujours pas été signée avec la Métropole. Elle devait l’être en janvier. Résultat, les associations financent actuellement leur appui sur leurs fonds propres », explique les membres du collectif de soutien des habitants du collège qui craignent que d’ici quelques mois, le lieu ne soit vidé, lorsqu’il aura été vendu.

Et d’ajouter, dans un communiqué qui appelle à la mobilisation, ce 18 mars : « Aujourd’hui, la Métropole s’est engagée à un petit appui financier et logistique, via l’intervention de ces deux associations, mais nous refusons que les moyens investis lui servent de caution pour éviter de répondre à ses obligations légales. »

DES JEUNES MIGRANTS QUI SE SENTENT IGNORÉS

« Je suis un peu inquiet pour ma vie. Mais je suis surtout inquiet pour mes frères, mineurs, qui vivent ici. » Tout ce que dit M., originaire de Conakry, pose la question de la prise en charge, en termes de logement, d’éducation, de nourriture et de santé, des mineurs isolés, par la Métropole, au titre de la protection de l’enfance.

Il parle de ces jeunes qui se sont vus refuser la minorité : « Quand on a traversé tout ce qu’on a traversé, on ne ressemble plus à un enfant, ni physiquement, ni moralement. » Il parle de ces jeunes qui sont en procédure et qui ne vont pas à l’école. De celui-ci encore, qui est tombé dans l’alcool. De cet autre, qui a cessé de s’alimenter et qui « tombe tout seul ».

« On se sent ignoré. On veut que l’État nous regarde un peu », dit-il encore avant d’ajouter : « Chacun de nous a son histoire. Mais personne n’est venu ici pour le plaisir de voyager. Ma destination c’était la France, depuis le début. Personne ne s’imagine, qu’en arrivant ici, il va dormir dans la rue. Il faut que ça change. » (...) »

Voir en ligne : https://www.leprogres.fr/rhone-69-e...