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Du Mali à Auxerre, le parcours de Maciré arrivé dans l’Yonne comme mineur isolé

Publié le 18-04-2019

Source : L’Yonne Républicaine

Auteure : Caroline GIRARD

Extraits :

«  En août 2014, Maciré est arrivé en France après avoir quitté le Mali. Mineur isolé à l’époque, il a été pris en charge par le dispositif d’accompagnement mis en place par le Conseil départemental de l’Yonne. Aujourd’hui, à 21 ans, il met à profit son apprentissage de la cuisine au Goût des autres, à Auxerre. Et garde un lien précieux avec ceux qui lui ont permis de laisser derrière lui le début de sa vie.

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« Soit je mourrais là-bas, soit j’essayais d’aller en Europe »

Maciré à 21 ans. On lui en donnerait un peu plus, à l’entendre raconter sa vie. « J’ai toujours été entouré d’adultes. En fait, je ne traînais presque jamais avec des enfants de mon âge. » Aujourd’hui, c’est pourtant auprès d’eux qu’il partage son histoire. Ces jeunes qu’il recadre parfois, qu’il écoute surtout. Et qui ont, comme lui, traversé la Méditerranée sans avoir la majorité. Né au Mali, à Diakon, il grandit à Bamako avec sa mère et son petit frère. Son père, « il est mort quand j’étais tout petit ».

De son enfance, il ne dira pas grand-chose de plus. Le minimum, pour comprendre les raisons qui l’ont poussé à fuir son pays, à peine adolescent, pour rejoindre d’abord l’Algérie.

Dans un sac, il glisse une tenue. Une seule. Et deux kilos de couscous. Après « des jours de marche », il arrive dans un premier foyer. Qu’il quittera au bout de quelques semaines pour rejoindre la Libye.

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Le travail est quasi impossible à trouver. Les bonnes âmes aussi. « Soit je mourrais là-bas, soit j’essayais de partir en Europe. » Au prix d’un passeur. Du regard, il balaye la pièce dans laquelle il se trouve. Guère plus d’une trentaine de mètres carrés. « On était des dizaines, à rester là pendant un mois. Chaque soir, ils nous disaient qu’on allait partir. » Pourtant chaque lendemain matin, il se réveillait entre les mêmes murs. « Il y avait un seul toilette pour tout le monde. On avait juste une demi-baguette à manger par jour, parfois du riz. Mais ce qu’ils voulaient, c’était que l’on perde du poids pour être plus nombreux à monter sur les bateaux. »

De l’Italie, à Paris

Le jour de la traversée, Maciré sera le premier à s’installer dans l’embarcation gonflable censée le conduire en Italie. « On était peut-être 90 à bord. J’étais un des plus grands, alors ils m’ont demandé d’aider à porter le bateau. »

Récupéré en pleine mer après plusieurs heures de navigation, il débarque en terre inconnue. Ne parle ni ne comprend la langue. (...) De l’Italie, il passera rapidement à la France, et à Paris.

(...) Le hasard le conduira à Sens. « Pendant deux ou trois jours, j’allais m’acheter de quoi manger au café, juste en face de la gare. Le patron, c’était un gentil monsieur, a fini par me demander ce que je faisais là. » Il tente d’expliquer. Et se fait finalement indiquer la direction du Conseil départemental, où il se présente à l’accueil.

Une nouvelle famille... « Plus que ça encore »

De la couture de son jean, il sort son acte de naissance. À l’époque, il est mineur. Rapidement, il est pris en charge. Ramené à un hôtel, puis conduit à l’hôpital pour une série de tests. Son identité et ses papiers sont vérifiés. Quelques jours après, il intègre un foyer de l’enfance. (...)

Un par un, il énonce des prénoms. (...) Philippe. Gérant du restaurant Le goût des autres. Cet endroit qu’il considère comme un chez lui. « J’ai tout appris. » De nouveaux mots, de nouvelles habitudes.

« Philippe m’a beaucoup aidé. Christophe, le chef cuisinier aussi. J’ai envie de dire que c’est comme ma famille mais c’est plus que ça encore. »

En quelques mois, il se forme au lycée Vauban puis au CIFA de l’Yonne ; participe au concours des meilleurs apprentis cuisiniers du département. Puis emménage dans un appartement. « 45 m², pour moi. »

Presque cinq années sont passées, depuis le jour de son départ du Mali. « Ici, on m’a tout donné. » Y compris un titre de séjour. « Tout ce que je veux, c’est avoir une vie normale, pas extraordinaire. Maintenant, c’est à mon tour d’apporter quelque chose. » Et il le fait. Discrètement.  »

Voir en ligne : https://www.lyonne.fr/auxerre-89000...