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L’accueil de Mineurs isolés réfugiés : Quels enjeux ?

Publié le 15-05-2019

Source : Analyse des Pratiques Professionnelles

Auteur : Marc-LASSEAUX

Extraits :

«  Depuis 2012, un établissement d’accueil d’urgence de France terre d’asile basé à St Omer (Pas-de-Calais) reçoit des mineurs isolés réfugiés, en les protégeant des enjeux des populations en transit vers la Grande Bretagne depuis la zone de Calais. Jean-François ROGER, Directeur régional, en charge de l’établissement, en explique le contexte de la création, le dispositif original mis en œuvre à ses débuts et les caractéristiques de l’équipe d’accueil. Il s’exprime sur les motivations de l’ouverture à l’automne 2018 d’un dispositif de groupe d’analyse des pratiques.

Dans quel contexte s’inscrit la création de l’établissement d’accueil d’urgence que vous dirigez ?

“Il faut revenir à l’année 2002, année de la fermeture de l’établissement d’accueil de Sangatte, établissement de la Croix Rouge. L’émigration dans le Pas-de-Calais y est régulière et soutenue. Les accords du Touquet en fixent la répartition entre la France et la Grande Bretagne. La Grande Bretagne est perçue par les migrants comme la destination la plus favorable à leur accueil : pas de titre de séjour, un marché du travail libéralisé et la représentation d’un travail aisé à trouver. Le territoire de Calais reçoit un flux continu de populations parmi lesquelles de mille à deux mille mineurs isolés sont présents. Le dispositif de Protection de l’Enfance répondait alors au besoin d’accueil, mais le taux de fugue, de l’ordre de 98 %, ne permettait pas de stabiliser leur situation.”

Qu’est-ce qui se jouait dans cet appel des mineurs à poursuivre leur transit ?

“Le territoire de Calais a cette spécificité que, placé en face de la Grande Bretagne, il accueille en majorité des populations anglophones décidées à faire la traversée. Les adultes qui entourent les mineurs isolés peuvent faire obstacle à leur protection en les incitant à continuer leur chemin. Certains des mineurs ont déjà contracté une dette économique importante lorsqu’ils arrivent à Calais. S’arrêter en France est représenté comme un échec tant à l’égard de la famille que du pays de destination.”

Comment France terre d’asile aborde cette question de la protection des mineurs isoles depuis le Calaisis ?

“Les populations de mineurs isolés sont majoritairement originaires d’Erythrée, d’Afghanistan, d’Ethiopie. Ces jeunes ont connu un risque pour leur vie qui les a poussé à fuir. D’autres ont eu un parcours traumatisant du fait de pays traversés comme la Libye, en conflit ou en guerre. En 2009, France terre d’asile a proposé un dispositif inédit avec de la maraude, c’est-à-dire aller vers les populations dans les zones de transit. Discuté à partir de 2009, le dispositif a été ouvert en 2012. (...)

En quoi consiste la maraude ?

“L’équipe de maraude comprend des professionnels travailleurs sociaux et anciens mineurs isolés. Leur rôle est de se rendre sur le site de transit de Calais, de rencontrer des jeunes, leur donner de l’information sur les possibilités d’accueil en France, de témoigner de leur expérience. (...)”

Certains des mineurs isolés ont de la famille en Grande Bretagne. Quelle est la position votre association ?

“Depuis 2016, France terre d’asile a développé une expertise dans l’accompagnement de jeunes auprès de leur famille dans le cadre des procédures de réunification familiale. Le règlement Dublin III permet aux jeunes ayant de la famille proche (père, mère, soeur, oncle ou tante) de les rejoindre légalement lorsque ces derniers disposent de moyens d’accueillir le jeune. France terre d’asile informe les jeunes de cette possibilité et les accompagne ensuite dans la démarche qui peut prendre plusieurs mois, en relation avec les autorités préfectorales françaises et le Home Office britannique.”

(...)

Que signifie évaluation sociale ?

“Dans le dialogue avec chaque mineur, nous prenons en compte des éléments tels que la famille, la scolarité, les étapes du parcours migratoire, les conditions de l’arrivée en France. Ce sont des faisceaux d’indice qui confirment ou infirment la minorité. (...)"

(...)

Venons-en à votre choix d’ouvrir en 2018 un dispositif de groupe d’analyse de pratiques pour l’équipe de votre établissement.

(...)

Par l’ouverture d’un dispositif de groupe d’analyse des pratiques, j’entendais proposer à l’équipe qu’elle mette à distance et au travail l’accompagnement de jeunes, de prendre du recul et de revisiter des situations individuelles et groupales complexes (NDLR : les mineurs entre eux). Cet espace d’analyse et de parole s’adresse à de jeunes professionnels, comme je l’ai indiqué, certains en première expérience du secteur social, animés par un idéal de travail avec des mineurs isolés qui, dans ce qui se passe au travail : le réel, s’avère engageant, lourd et complexe.” (...)  »

Voir en ligne : https://www.analysedespratiques.com...