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Guinée : il y a vingt ans, Fodé et Yaguine s’envolaient pour fuir la misère

Publié le 2-08-2019

Source : RFI

Auteur : Coralie Pierret

Extraits :

«  Il y a vingt ans, la lettre de Fodé et Yaguine, adressée aux dirigeants européens, émeut le monde entier. Avec leur vocabulaire juvénile, en porte-paroles de la jeunesse guinéenne, ils dépeignent leurs difficultés mais surtout leurs rêves et espoirs d’une vie meilleure. Le 2 août 1999, les corps des deux amis sont retrouvés dans le train d’atterrissage d’un avion Conakry-Bruxelles.

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« Messiers les membres et responsables d’Europe, c’est à votre solidarité et votre gentillesse que nous vous appelons au secours en Afrique. Aidez-nous, nous souffrons énormément en Afrique, aidez-nous, nous avons des problèmes et quelques manques de droits de l’enfant », écrivaient-ils en date du 29 juillet 1999. Publié ensuite dans la presse internationale, cet appel au secours a ému le monde entier. Derrière leurs mots d’adolescents, un message politique fort : ils dépeignent une génération de jeunes Africains sans avenir mais avec l’espoir de venir en Europe pour apprendre et pour changer leur pays.

Vingt ans plus tard…

« Ça n’a pas eu d’effet. En ce moment, dans les années 1999-2000, cette lettre a fait un peu trembler les gens mais ensuite ils ont tout oublié », poursuit Liman Koïta. S’il y a vingt ans, les Guinéens étaient loin d’être les premiers à emprunter la route migratoire, depuis 2015, leur nombre ne cesse de croître. Les demandes d’asile guinéennes ont augmenté en France de 40 % en une année, de 2016 à 2017. Un an plus tard, en 2018, les ressortissants de ce pays d’Afrique de l’Ouest étaient même la première nationalité parmi les mineurs non accompagnés. Cette explosion du nombre de jeunes risquant leur vie pour atteindre l’Europe, Mohamed Camara de l’ONG Iday à Conakry, ne se l’explique pas. Il n’y a pas eu de bouleversements politiques majeurs et « la Guinée est un pays très riche : on la bauxite, l’or, le diamant. On peut cultiver, on peut faire tout ce que l’on veut. Mais c’est parce que les jeunes n’ont pas à l’esprit que c’est possible ici. (…) C’est dans l’éducation qu’il faut beaucoup plus s’impliquer. »

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À Conakry, à Bruxelles ou partout sur la planète, personne ne semble avoir oublié le rêve brisé de ces adolescents de quatorze et quinze ans. Malgré tout, les Guinéens étaient, l’année dernière, 6 454 à demander l’asile à l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Certainement beaucoup plus à avoir tenter le chemin du désert puis de la méditerranée en vue d’atteindre les côtes européennes. Aucune statistique ne permet d’affirmer combien d’entre eux y ont laissé leur vie. (...)  »

Voir en ligne : http://www.rfi.fr/afrique/20190802-...