InfoMIE.net
Informations sur les Mineurs Isolés Etrangers

Accueil > Actualités MIE > Marseille : à Saint-Just, "on doit refuser des gens et c’est dur"

Marseille : à Saint-Just, "on doit refuser des gens et c’est dur"

Publié le 7-09-2019

Source : La Provence

Auteur : Delphine Tanguy

Extraits :

«  Le squat ouvert par des citoyens pro-migrants est arrivé à saturation cet été. Quelque 280 personnes à la rue, dont 130 mineurs, y ont trouvé refuge

Ce 8 décembre 2018, Mami, travailleur social, avait débarqué avec ses "trois tournevis", dans l’idée de "donner un coup de main" et puis de rentrer chez lui. Sur les réseaux sociaux, les militants qui venaient d’ouvrir un squat au 59 de l’avenue de Saint-Just (13e), dans un beau bâtiment désaffecté du diocèse de Marseille, avaient battu le rappel des bonnes volontés : "un acte politique" imaginé pour mettre le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône "face à ses responsabilités", à savoir la mise à l’abri, dans les délais légaux, des mineurs isolés étrangers (MIE). Ils étaient alors en effet des dizaines à errer dans la rue, sans toit ni soins.

(...)

Les 4 et 5 avril, le Département procédait bien, sous la pression médiatique, au relogement, à l’hôtel, de 174 MIE jusque-là hébergés au squat. Mais 130 autres les y ont déjà remplacés.

Alors que l’été s’achève, le site sature : 280 personnes, d’une dizaine de nationalités (Nigéria, Mali, Sénégal, Guinée), dont une trentaine de bébés, y vivaient ce mois d’août. Il a fallu "rajouter des matelas par terre" dans les 66 chambres, mais cela n’a pas suffi. Régulièrement, désormais, "il faut refuser des gens et c’est dur", confirme Lola, étudiante de 22 ans très investie. (...)

C’est qu’au fil du temps, le site est devenu bien plus qu’un outil d’interpellation ou même un abri : il est aussi une permanence médicale, un accompagnement juridique dans les méandres de l’administration, un cours de français, un espace où Anna, l’une des psys, aide parents et enfants déboussolés à "poser le présent" par le jeu, le chant. Emmaüs et la Banque alimentaire fournissent les vivres et, le dimanche, une assemblée réunit les occupants pour tenter de dénouer les inévitables conflits, répartir les tâches. "Ça dure des heures, en cinq ou six langues", sourit Ludo.

Parvenir à tenir soudée cette communauté relève cependant, chaque jour, du défi. À l’accueil, mille histoires, mille questions et angoisses - administratives, médicales, pratiques - s’enchevêtrent en permanence. "Se prendre la souffrance des gens en pleine figure, c’est difficile, surtout quand on n’est pas payés pour ça ! Mais le plus dur à supporter, c’est notre propre impuissance", constate Mami. "Le CD 13 se dédouane de ses responsabilités en disant que Saint-Just est là", s’indignait hier le collectif sur sa page Facebook.  »

Voir en ligne : https://www.laprovence.com/article/...