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Stéphane Troussel : « La France doit assumer sa tradition d’accueil »

Publié le 3-10-2019

Source : Libération

Auteur : Kim Hullot-Guiot

Extraits :

«  Le département de Seine-Saint-Denis rejoint l’Association nationale des villes et territoires accueillants (Anvita). Une démarche en faveur de l’intégration des migrants, à quelques jours du débat au Parlement sur l’immigration. Le président du conseil départemental, Stéphane Troussel explique le sens de sa démarche.

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Comment votre conception de l’accueil se traduit-elle concrètement sur votre territoire ?

En Seine-Saint-Denis, on assume nos responsabilités vis-à-vis des MNA. Entre juin 2018 et juin 2019, leur nombre a augmenté de 52%. On est passé de 941 à 1 429 enfants accueillis. Cela a un coût budgétaire important. Le département avait inscrit 42 millions d’euros à son budget en 2018 [pour les MNA], si la tendance se poursuit, à ce rythme-là, on sera à 59 millions d’euros pour 2019. Comme ces enfants sont mineurs, au titre de la protection de l’enfance, les départements ont une responsabilité. Mais notre pays accueille ces jeunes en tant que signataire de la Convention des droits de l’enfant, la solidarité nationale devrait donc jouer.

Quand Emmanuel Macron a été élu, j’ai été reçu avec d’autres présidents de département à l’Elysée. Il nous a dit qu’il pensait que l’Etat devrait prendre en charge les MNA, mais depuis la compensation [par l’Etat des charges relatives aux MNA] ne fait que baisser ! Seulement 8% des dépenses engagées par les départements vont être compensées. En moyenne nationale, il y a 175 millions d’euros prévus dans le budget de l’Etat pour ces compensations, pour une dépense des départements d’1 milliard d’euros à peu près.

(...)

Que mettez-vous en place pour bien accueillir ces jeunes ?

Les MNA sont un public différent du public traditionnel de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Ils ne sont pas en rupture familiale au sens classique, ils sont relativement autonomes après leur parcours de milliers de kilomètres, donc on a créé une cellule dédiée d’accompagnement. C’est un moyen d’alléger la pression sur le travail de l’ASE, dont 30% du public est constitué dans le 93 de MNA. On a aussi lancé un appel à projets spécifiques pour créer 800 places d’hébergement pour les MNA. On est aussi l’un des départements qui signe le plus de contrats jeunes majeurs, notamment avec des MNA, pour éviter les sorties sèches.

Ce n’est pas la première fois que vous vous adressez au gouvernement au sujet des mineurs isolés. Vous aviez par exemple fait savoir, avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, que vous n’utiliseriez pas le fichier national des MNA. Vous n’êtes donc pas entendu ?

Il y a un dialogue avec le gouvernement, mais les choses n’évoluent pas, ou trop lentement. En dépit de l’accord sur la compensation des dépenses MNA, cette année, le 93 recevra une plus faible compensation (8% des dépenses) que la compensation moyenne (17,5% des dépenses) pour les autres départements. En fait, parmi les jeunes que l’on accueille dans le 93, certains font l’objet d’une décision directe par le juge pour enfants et ne passent pas par le pôle de répartition nationale, ils n’entrent pas dans les calculs ouvrant droit à compensation. L’un des critères, c’est la part des jeunes de moins de 19 ans dans le département. On a déjà une population jeune et des services pour les accueillir, donc on nous en donne plus. C’est l’honneur de ce pays d’accueillir dignement ces jeunes qui ont parcouru des milliers de kilomètres pour fuir la misère, la guerre ou les défis climatiques, mais il faut une solidarité nationale pour bien accueillir et accompagner. Il faut réguler, organiser, et c’est à l’Etat d’assumer cette charge. (...) »

Voir en ligne : https://www.liberation.fr/france/20...