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Insalubrité, manque de nourriture, violences : le calvaire des enfants du camp de réfugiés de Lesbos

Publié le 14-10-2019

Source : France Inter

Auteur : Cécile de Kervasdoué

Extraits :

«  Après un afflux de réfugiés cet été sur les îles grecques, 14 000 personnes se trouvent à Lesbos (Grèce) dans le camp de Moria, prévu pour 3 100 maximum. Tout autour, un bidonville de tentes, détritus et boue ne cesse de grossir. Une jungle où vivent près de 6 000 enfants dont plus de 1 000 mineurs non accompagnés.

(...)

Le froid, la pluie, et les files d’attente interminables

Alice*, jeune afghane de 12 ans est arrivée il y a deux mois :

"La vie à Moria, c’est faire la queue toute la journée avec nos mères. La queue pour les toilettes pendant au moins 2 heures. Dès 5 heures du matin pour un peu de nourriture, la queue pour des couvertures avant l’arrivée de l’hiver, la queue pour l’administration, pour avoir une tente et surtout pour voir un docteur. Parfois ça dure toute la journée et on doit revenir le lendemain..."
La vie dans cette jungle a de quoi traumatiser un enfant. Des tentes de deux places où s’entasse une famille de six personnes avec parfois avec d’autres adultes encore. Le froid, la nuit, pour ceux qui dorment à même le sol sans couverture. La pluie, qui trempe tout et qui fait sortir des serpents s’infiltrant dans les tentes. Le manque de nourriture. Les sanitaires bouchés et sales où les toilettes sont aussi des douches ; il y en a un seul pour 100 personnes. Et surtout, le manque de sécurité.

(...)

Désordres psychiques

Le besoin de médecin est le besoin le plus cruel, à Moria. Médecin sans Frontières a donc installé un dispensaire pédiatrique spécialisé dans la santé mentale des enfants. Car il y a les maladies dues aux mauvaises conditions d’hygiène et de logement mais surtout il y a les traumatismes causés ou ravivés par ce camp. De plus en plus d’enfants arrivent au dispensaire de MSF en pleine régression et avec des désordres psychiques liés à leur condition de vie. Plus longtemps ils restent à Moria, plus sévères sont leurs dysfonctionnements.

(...)

Les plus mal lotis sont encore les mineurs non accompagnés. Pour eux, une ONG grecque, Metadrasi, tente de les protéger mais avec trop peu de moyens. Cinq tuteurs et éducateurs spécialisés protègent 40 enfants chacun. Soient 200 enfants pris en charge sur les 1 060 que compte officiellement le camp.

"C’est absurde, nous sommes obligés de choisir les enfants que nous allons protéger. Souvent ce sont les plus vulnérables, les filles ou les enfants déjà victimes de trafic sexuel, les moins de 15 ans et aussi ceux qui ont de la famille en Europe, afin d’obtenir la réunification familiale. Mais on est loin du compte. Beaucoup d’enfants sont abandonnés dans ce camp de l’enfer", explique Sevi Saridaki, tutrice et éducatrice spécialisée au sein de l’ONG Metadrasi.

De nombreux enfants non accompagnés attendent de rejoindre leur famille ailleurs en Europe mais la plupart des États membres font barrage via des procédures de plus en plus complexes. C’est le cas de la France, où les documents ne suffisent plus pour attester d’un lien de famille : il faut également des tests ADN, sur décision d’un tribunal. Résultat, de nombreux enfants sont coincés des mois dans des camps où ils sont en danger en permanence. (...)  »

Voir en ligne : https://www.franceinter.fr/insalubr...