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Conseil de la protection de l’enfance : « Ils ne pouvaient pas le fermer abruptement, ils l’étouffent » – Michèle Créoff, sa vice-présidente

Publié le 12-11-2019

Source : Neon Mag

Auteur : Marius François

Extraits :

«  Le Conseil national de la protection de l’enfance (CNPE) semble laissé à la dérive par le gouvernement. Pour comprendre la situation, nous avons échangé avec Michèle Créoff, vice-présidente de cette instance rattachée au Ministère des Solidarités et de la Santé.

Voir grand pour les petits les plus fragiles, telle est la mission du Conseil national de la protection de l’enfance. Créée en 2016 par Laurence Rossignol, alors ministre des Familles, de l’enfance et des droits des femmes, cette entité, composée de 82 membres issus de l’ensemble des acteurs de la protection de l’enfance, semble être sur la sellette.

Sa vice-présidente et sa secrétaire générale ne sont pas renouvelées en 2020. Le mandat de l’instance, définit pour 3 ans en 2016, n’est prolongé que d’un an. La protection de l’enfance est-elle passée à la trappe dans les priorités gouvernementales ? Nous avons posé la question à Michèle Créoff, qui quitte ses fonctions le 26 novembre prochain.

(...)

Pourquoi cette décision en demi-teinte ?

Je pense que le gouvernement n’avait pas envie d’avoir le scandale de fermer le Conseil national de la protection de l’enfance, trois ans à peine après son institution. Ça faisait une décennie que tous les acteurs le réclamaient. Sur le plan de la communication et de l’image, ils ne pouvaient pas mettre fin à cette organisation de façon abrupte, donc ils l’étouffent.

Il ne le renouvelle que pour un an parce qu’il va y avoir une réflexion plus globale sur la gouvernance nationale de protection de l’enfance. Il va certainement y avoir quelque chose d’autre d’organisé. Pendant cette année, ils vont faire en sorte qu’il ne se passe rien puisqu’il n’y aura plus personne pour animer les travaux, convoquer, organiser…

(...)

Quel message le gouvernement envoie-t-il sur la question de la protection de l’enfance ?

Cela fait maintenant plus de cinq ans que tout le milieu est mobilisé pour réformer le dispositif. Et il est vraiment à bout de souffle, il craque de partout : nous sommes dans une situation d’extrême urgence. Ce gouvernement n’est pas capable de chausser les chaussons du précédent. On a eu une réforme importante en 2016 après 18 mois de concertation. La loi faisait consensus, elle était ambitieuse. Il faut que tout le monde mette la main à la pâte pour l’appliquer et accepter de mettre en oeuvre une loi entrée en vigueur sous un précédent gouvernement. C’est ce qu’on appelle en politique la continuité de l’Etat. Heureusement qu’on ne détricote pas tout à chaque fois qu’une nouvelle majorité arrive au pouvoir sinon on ne ferait jamais rien. Je pense que le premier message est la difficulté pour ce gouvernement d’accepter qu’il y a quelque chose de bien réalisé sans lui et d’accepter de mettre en oeuvre une loi précédemment votée par d’autres.

La deuxième raison, me semble-t-il, est que ce gouvernement ne se donne pas les moyens, ni en termes d’initiatives, ni en termes de mobilisation, ni en termes financiers de véritablement faire appliquer la loi du 14 mars 2016. Il n’y a pas de vraie volonté politique de transformer la protection de l’enfance. Je vois enfin une troisième raison. Quand on met en parallèle tous ces observatoires et conseils en train de fermer, ce gouvernement a du mal à supporter qu’il y ait des tiers lieux qui ne soient pas des chambres d’enregistrement de sa politique. Ce sont des espaces construits pour le conseiller mais un peu indépendants, un peu autonome, des espaces d’expertise, d’observation et d’évaluation. Ils ne sont pas des courroies de transmission. Ce gouvernement a beaucoup de mal avec la liberté de réfléchir, de penser, de proposer.  »

Voir en ligne : https://www.neonmag.fr/conseil-prot...