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Grace, l’enfant nigériane qui a fait tomber un réseau de prostitution à Paris

Publié le 6-12-2019

Source : L’Express

Auteur : Anne Vidalie

Extraits :

« Son témoignage a permis de traduire devant la justice les protagonistes d’un réseau de proxénétisme nigérian. Et de les condamner lourdement ce samedi.

Son vrai prénom signifie "cadeau" en dialecte Edo, la langue parlée chez elle, au Nigeria. Pourtant, des cadeaux, la vie n’en a pas fait beaucoup à celle que nous appellerons Grace pour la protéger. Cette jeune fille, âgée de 16 ans aujourd’hui, a été au centre du procès qui s’est achevé samedi 7 décembre 2019, devant la cour d’assises de Paris, et qui a permis de démanteler un réseau de prostitution nigérian. Angel, sa proxénète, a été condamnée à douze ans de prison. La même peine a été infligée à Ruth, la "mama" à laquelle elle payait sa place sur le trottoir parisien.

Sous le majestueux plafond à caissons de la salle d’audience, sur l’île de la Cité, ont défilé, du 25 novembre au 6 décembre, les protagonistes de cette filière nigériane de prostitution. Angel et Ruth, les deux "mamas" - les mères maquerelles -, leurs fidèles lieutenantes et une poignée de seconds rôles masculins affectés à la logistique. Sans Grace, aucun d’entre eux n’aurait été condamné par la justice. "C’est cette gamine, débarquée en France à 10 ans pour faire le trottoir, qui a permis de faire tomber le réseau", explique le commissaire Vianney Dyevre, le patron de la Brigade de protection des mineurs (BPM) de Paris.

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Une dette de 40 000 euros

Des passeurs payés par Angel et sa mère lui fournissent un faux passeport et la convoient jusqu’à Paris, via la Libye, la Méditerranée et un camp de réfugiés en Italie. A son arrivée, le 25 décembre 2013, un drôle de cadeau de Noël attend la fillette. Elle doit vendre son corps pour rembourser à Angel les 40 000 euros qu’a coûtés, soi-disant, le voyage. Grace refuse. Elle est trop jeune, elle ne veut pas. Mais sa résistance fait long feu. Son premier client paie 300 euros pour lui prendre sa virginité. Au Bois de Vincennes, puis à Strasbourg Saint-Denis, elle enchaîne les passes. 20 clients chaque nuit, 7 jours sur 7. Pour un rapport sexuel ou une fellation à la sauvette, c’est 50 euros ; à l’hôtel, c’est 150 euros.

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Mais la Brigade des mineurs veille au grain. De retour en foyer, la jeune Nigériane est rapidement envoyée dans une famille d’accueil, à bonne distance de Paris. Face aux jurés de la cour d’assises, le 27 novembre dernier, elle a évoqué sa nouvelle vie à Sens, dans l’Yonne, son apprentissage du français, de la lecture et de l’écriture, la formation de cuisine qu’elle suit. Son rêve ? Devenir cheffe. »

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