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« Parfois j’ai honte » : des travailleuses sociales pour demandeurs d’asile témoignent

Publié le 7-01-2020

Source : Rue 89 Strasbourg

Auteur : Thibault Vetter

Extraits :

«  Dans le cadre de l’accompagnement des demandeurs d’asile, des éducatrices spécialisées témoignent d’un profond mal-être. L’objectif initial de leur travail, permettre l’émancipation, est souvent impossible du fait du rejet des demandes de papiers, des expulsions, du manque de moyens ou d’une formation inadaptée.

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De plus en plus d’arrivées

Dans le Bas-Rhin, 400 personnes par mois demandent l’asile en moyenne. En France, 73% des primo-demandeurs ont une réponse négative. À Strasbourg, du fait de l’emplacement géographique de la ville, 65% des arrivées proviennent d’Europe de l’Est, d’après la préfecture. Ces personnes ont encore moins de chances d’avoir une réponse positive car elles proviennent de pays considérés comme sûrs. (...)

Sans papier, sans travail, dépendants

Les demandeurs d’asile n’ont pas le droit de travailler pendant la durée de l’instruction de leur dossier. Les services sociaux spécifiques des demandeurs d’asile sont saturés. La préfecture du Bas-Rhin aura dépensé 18,8 millions d’euros pour leur hébergement en 2019. Mylène, travailleuse sociale depuis de nombreuses années, trouve cette situation absurde :

« Parfois j’ai honte en travaillant. L’hébergement et l’accompagnement social sont indignes pour ces personnes, mais au final, le plus pertinent ça n’est pas d’allouer plus de moyens pour héberger et accompagner. Tout ce que demandent la quasi-totalité des demandeurs d’asile, c’est de pouvoir travailler, d’avoir une vie normale. Pour cela, il faut les régulariser pour qu’ils aient la possibilité de le faire, sinon la situation ne se détendra jamais. Ou alors on ferme les frontières et on les laisse mourir. »

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Pas de formation juridique suffisante

Souvent, ces travailleurs sociaux manquent aussi de formation juridique, comme en témoigne Pierre :

« On doit les préparer à un entretien qu’on ne connait même pas vraiment. Je ne suis pas toujours sûr de bien les conseiller. J’apprends tout sur le tas, quand j’en parle avec des collègues… Peut-être que j’ai déjà mal conseillé des personnes et qu’elles se retrouvent dans des situations compliquées à cause de cela. »

« Des situations qui nous échappent »

Le cadre légal de l’immigration s’est durci suite à l’application de la loi asile et immigration. Les séjours en centre de rétention avant expulsion passent de 45 à 90 jours. Désormais, les personnes qui viennent pour des problèmes de santé n’ont plus que deux mois pour demander le titre de séjour « étranger malade ». (...)  »

Voir en ligne : https://www.rue89strasbourg.com/par...