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En Isère, un confinement sous la menace pour des mineurs étrangers

Publié le 8-05-2020

Source : Mediapart

Auteure : Diane FARIH

Extraits :

«  « Si vous êtes venus en France pour avoir des actes criminels, vous aurez à répondre de vos comportements criminels. » Le département de l’Isère, qui a pour mission d’héberger les mineurs étrangers, semble avoir choisi la manière forte pour gérer leur confinement.

(...) Le patron des services départementaux de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), auxquels revient en France la mission d’héberger et de protéger tous les mineurs en danger (français comme étrangers), est censé faire preuve de pédagogie. Il intimide, il menace, obnubilé par le risque de fugues.

Ici, dans ce foyer de l’Isère, ne logent que des ados étrangers (MNA dans le jargon, pour « mineurs non accompagnés »), dont la minorité et l’isolement (aucun parent en France) ont été reconnus par le Département – ils étaient environ 650 MNA ainsi pris en charge en Isère en 2018.

« Vous pouvez êtes porteurs d’un virus », « on n’a pas le droit de faire mourir d’autres personnes », rappelle le directeur de la protection de l’enfance, Philippe Gallien. Avant de déraper : « Si vous êtes venus en France pour avoir des actes criminels, vous aurez à répondre de vos comportements criminels. » Les gamins qui l’écoutent sont venus chercher une vie meilleure en Europe au risque de périr en route.

(...) « Une personne qui part ne serait-ce qu’une heure sans donner de ses nouvelles, je demande que ce soit les forces de l’ordre qui soit informées », tonne le directeur, d’après un enregistrement que Mediapart a consulté.

(...) Sous le sceau de l’anonymat, un responsable juge même que les risques de fugue concerneraient davantage des enfants placés tentés de rejoindre famille ou amis.

(...)

« Je ne ferai aucun cadeau. […] Vous n’avez absolument pas le droit à l’erreur. J’espère que j’ai été très clair par rapport à ça. Vous avez intérêt à vraiment intégrer tout ce que je viens de vous dire », martèle Philippe Gallien. Même le préfet de Paris (qui a dû s’excuser après avoir affirmé que les malades en réanimation « sont ceux qui n’ont pas respecté » le confinement), ne s’adresse pas sur ce ton à ses concitoyens.

Un courrier suivra ce drôle de coup de fil : « Si certains d’entre vous ont eu un entretien concernant ses projets après 18 ans (sic) avec des membres de mon équipe, je suspends toute décision de poursuite d’accompagnement aux comportements qui me seront remontés avec copie pour information à la préfecture », signe Philippe Gallien.

(...)

On pourrait même y voir la menace d’une triple peine, puisque le directeur de la protection de l’enfance évoque une « information à la préfecture » : or, à 18 ans, en l’absence de contrat, amenés à solliciter un titre de séjour, ils risquent d’écoper, s’ils sont signalés à la préfecture, un refus voire une « obligation de quitter le territoire français ».

(...) »

Voir en ligne : https://www.mediapart.fr/journal/fr...