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« Laye Traoré, l’apprenti boulanger devenu le visage de la galère des jeunes étrangers en France »

Publié le 26-01-2021

Source : InfoMigrants

Auteure : Par Leslie Carretero

Extraits :

« Depuis la régularisation de Laye Traoré, obtenue grâce à la grève de la faim médiatisée de son patron le boulanger Stéphane Ravacley, les pétitions affluent pour que d’autres jeunes étrangers en formation obtiennent un titre de séjour. L’histoire de Laye est emblématique du parcours semé d’embûches auquel font face les mineurs isolés tout juste devenus majeurs en France.

"Quand j’ai vu la régularisation de Laye, je me suis dit : ’Pourquoi pas nous ?’ On a lancé une pétition en ligne pour que notre apprenti Mamadou obtienne lui aussi des papiers". Nejla Boukortt et son mari Miloud tiennent une boulangerie à Fontaine, en Isère. Comme Stéphane Ravacley, ce boulanger qui a fait une grève de la faim pour que son apprenti Laye soit régularisé, Nejla et Miloud se battent pour que Mamadou reste en France. Le jeune Malien devenu majeur l’an dernier a vu sa demande de titre de séjour refusée en avril, puis a reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF) en novembre, malgré son contrat de travail et le soutien de ses patrons. "On a envoyé des lettres à la préfecture et à des députés mais on a reçu que des retours négatifs", souffle Nejla.

Laye, Mamadou… mais aussi Yaya, Souleymane, Amadou, Sékou et des milliers d’autres vivent peu ou proue la même histoire : une arrivée en France en tant que mineur, une prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE), l’obtention d’une formation professionnelle puis à leur majorité, la délivrance d’une OQTF. Depuis plusieurs jours, les pétitions affluent sur les réseaux sociaux pour permettre à de jeunes apprentis d’obtenir un titre de séjour.

Laye, une affaire emblématique

"Contrairement à ce qu’a déclaré Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, le 8 janvier, la situation de ce jeune apprenti [Laye, ndlr] n’est pas un ’cas particulier’ (...) Cette affaire est emblématique de ce qui arrive à des milliers de jeunes majeurs isolés étrangers anciennement placés à l’Aide sociale à l’enfance", ont déclaré le 14 janvier dans un communiqué conjoint le syndicat des avocats de France (SAF) et les avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE).

Les boulangers Nejla et Miloud en sont à leur 4e apprenti étranger embauché mineur, et contraint de quitter la boulangerie peu après ses 18 ans à cause d’une OQTF. "On les forme et quand ils sont opérationnels, on nous les enlève", regrette Nejla. "Les Français ne veulent plus faire ce métier à cause de la pénibilité. Seuls les étrangers viennent chez nous, alors on fait quoi ?", s’interroge-t-elle.

(...)

Or, les documents d’identité de Laye et les autres ont déjà été scrutés par les départements quelques années plus tôt, lors de la reconnaissance de leur minorité, une première étape déjà semée d’embûches. "À chaque passage devant une nouvelle administration, il faut tout reprouver", explique Blandine Quévremont, avocate au barreau de Rouen. "Lors de l’examen de la minorité des jeunes, leurs documents n’ont pas posé de problème mais vraisemblablement à leur majorité, si. Les préfectures remettent régulièrement en cause leur état civil", abonde Violaine Husson.

Résultat : l’État français fabrique des clandestins, selon cette membre de la Cimade, "car on sait très bien qu’ils vont rester en France sans-papiers et qu’ils risquent ensuite d’être exploités", dit-elle.

(...). »

Voir en ligne : https://www.infomigrants.net/fr/pos...