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« Quand les départements incitent à accueillir des mineurs étrangers isolés chez soi »

Publié le 15-01-2021

Source : Marianne

Auteur : Hadrien Bachet

Extraits :

« Le conseil départemental du Puy-de-Dôme propose à des habitants d’accueillir des mineurs étrangers isolés. Si le département assure que l’initiative vise à diversifier l’offre d’hébergement, le dispositif interroge sur les capacités réelles des départements à accueillir cette population.
Pas de doute, pour le département du Puy-de-Dôme, il s’agit d’un dispositif "innovant". Depuis 2019, le conseil départemental propose à des habitants volontaires d’accueillir à leur domicile des mineurs étrangers isolés. Si l’initiative paraît séduisante pour leur intégration, le recours de plus en plus fréquent des départements à des tiers bénévoles rend souvent leur suivi plus délicat. Et rappelle que certaines collectivités peinent à répondre à l’afflux de ces mineurs.

Pour attirer des volontaires, le Puy-de-Dôme ne lésine pas. "Nous avons mis en place une communication élargie avec des publications dans le magazine du département" explique Sarah Klisnick, directrice de la prévention et de la protection de l’enfance dans le département. Le principe : des habitants, qu’ils vivent seuls ou en famille, hébergent à leur domicile des mineurs étrangers isolés, soit à temps plein pour des périodes de 6 mois à 1 an renouvelables jusqu’à la majorité, soit de manière occasionnelle pendant les week-ends ou les vacances. Les volontaires sont bénévoles mais reçoivent une indemnité de 13,90 € par jour pour couvrir les frais engagés. Selon le département, 6 mineurs ont déjà été accueillis à titre expérimental. À terme, l’initiative pourrait concerner une quinzaine de familles.

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"IL NE FAUDRAIT PAS QUE LES DÉPARTEMENTS SE DÉCHARGENT"

À en croire le conseil départemental, le dispositif est très encadré. Pour postuler, les bonnes âmes doivent disposer d’une chambre individuelle, détenir un casier judiciaire vierge et résider proche d’un établissement ou de transports scolaires dans le cas d’un hébergement à temps plein. Les futurs hébergeants suivent une formation et des rencontres mensuelles ont lieu avec l’équipe d’Atelier Logement Solidaire. Tout au long de l’accueil, le mineur reste sous la responsabilité du département.

(...) "mais il faudra vérifier que ce suivi existe bien et que les jeunes comme les accueillants se sentent bien sur le long terme." Car pour la responsable associative, l’accueil par des tiers bénévoles est loin d’être la solution idéale : "il ne faudrait pas que les départements se déchargent de l’accueil des mineurs étrangers isolés."

"CATASTROPHIQUE POUR LES BESOINS DE L’ENFANT"

Une fois leur minorité reconnue par décision de justice, les mineurs étrangers sont confiés à l’aide sociale à l’enfance qui relève des compétences du département. Plusieurs modes d’hébergement existent, parmi lesquels des foyers et des hôtels ou bien des familles d’accueil agréées par l’aide sociale à l’enfance, qui peuvent aussi bien héberger des mineurs français qu’étrangers. Mais, à en croire Violaine Husson, les départements ont de plus en plus recours à des tiers bénévoles. Or, à la différence des familles d’accueil traditionnelles, ces volontaires ne disposent pas d’un agrément de l’aide sociale à l’enfance. "C’est catastrophique pour les besoins de l’enfant" déplore Violaine Husson, "dans des départements où cela a été mis en place il n’y a pas d’accompagnement, c’est catastrophique pour les besoins de l’enfant" Être bien intentionné ne suffit pas toujours pour prendre en charge un mineur, surtout lorsqu’il est issu d’un contexte culturel différent et débarque d’un parcours migratoire souvent périlleux.

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Voir en ligne : https://www.marianne.net/societe/qu...