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"À Nancy, le grand « gâchis » des jeunes majeurs étrangers menacés d’expulsion"

Publié le 2-07-2021

Source : Médiapart

Autrice : Nejma Brahim

Extraits :

« (...) À Nancy, nombreux sont ceux qui dénoncent la « pluie » d’obligations de quitter le territoire français (OQTF) qui s’est abattue sur le département de Meurthe-et-Moselle au cours des derniers mois. (...)

Ils ont pourtant été reconnus, pour la plupart, mineurs non accompagnés (MNA dans le jargon) et pris en charge par le conseil départemental à travers les services de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Mais à leur majorité, sans réelle explication, une OQTF leur est parvenue, brisant au passage tous les efforts d’insertion déjà réalisés et les rêves à venir. (...)

En début d’année, pour protester contre cette « énorme vague d’OQTF », Charlotte et Johan, un autre bénévole de l’association Un toit pour les migrants, ont encouragé tous ces jeunes à se mobiliser pour exprimer eux-mêmes leur désarroi. « Ils étaient une trentaine au début, dont certains voulaient organiser des manifestations », relate la première. Et le second de compléter : « Pour une partie d’entre nous [les bénévoles – ndlr], il était important de les laisser s’exprimer par eux-mêmes et que personne ne se substitue à leur parole. » Très vite, une boucle WhatsApp est créée.

C’est ainsi que naît, en janvier 2021, l’idée d’un collectif à Nancy. Il réunit aujourd’hui 124 personnes de différentes nationalités : une majorité de jeunes fraîchement majeurs, mais aussi d’actuels mineurs non accompagnés toujours sous la protection de l’ASE et préoccupés par ce qui les attend ensuite, qui ont décidé de se rassembler et de s’organiser pour dénoncer leur situation. (...)

Le 15 juin dernier, Alpha, Mamadou et Moussa faisaient partie de la petite délégation ayant réussi à décrocher une entrevue avec le préfet de Meurthe-et-Moselle, Arnaud Cochet, dans l’objectif d’interpeller les autorités sur leur situation. « On y est allés motivés, on est ressortis de là découragés », résume Moussa, également cofondateur du collectif. « Il s’est focalisé sur les documents et papiers d’identité qu’on n’a pas ou qui sont considérés comme faux. Mais il a quand même dit qu’il savait qu’on travaillait à l’école et qu’on était intégrés. » (...)

Contactée, la préfecture de Meurthe-et-Moselle n’a pas répondu aux questions de Mediapart à l’heure où nous publions cet article. (...)

Mᵉ Brigitte Jeannot, avocate spécialiste du droit des étrangers qui défend les jeunes du collectif, dénonce une « véritable problématique » en Meurthe-et-Moselle. « C’est un jeu de massacre, ose-t-elle. Même s’il y a un durcissement général en France, on peut dire que chez nous, la préfecture veut avoir la tête de tous les jeunes majeurs. La préfecture fait preuve d’une déloyauté inouïe à leur égard. » Et d’assurer que la préfecture de Meurthe-et-Moselle s’emploie à « contester de manière systématique » l’identité des jeunes, « alors même qu’il y a eu une vérification réalisée par le parquet, le conseil départemental et/ou le juge des enfants en amont. Mais la préfecture s’assoit complètement là-dessus et refait le match. Sous couvert de ça, elle ne délivre pas de récépissés, les instructions de demandes de titre de séjour ou d’autorisation de travail sont particulièrement longues, et de jeunes Maliens ou Ivoiriens se voient demander des actes d’état civils légalisés. La préfecture complique tout », résume Mᵉ Jeannot. (...) »

Voir en ligne : https://www.mediapart.fr/journal/fr...