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"Paris : quelques heures après l’évacuation d’un camp de migrants, une vingtaine de jeunes de retour à la rue"

Publié le 4-05-2022

Date de publication : 03/05/2022
Source : Infomigrants
Auteur : Leslie Carretero

"Cent-huit personnes ont été évacuées mardi matin par les autorités de leur campement du nord de Paris, à porte de Clignancourt. Les migrants ont été pris en charge dans des centres d’accueil de la région parisienne. Mais une vingtaine de jeunes, en attente d’une reconnaissance de leur minorité, ont été renvoyés d’une structure des Hauts-de-Seine, à peine arrivés. Motif : leur statut ne leur permet pas d’être hébergés

Le campement installé sous un pont du 18e arrondissement de Paris, porte de Clignancourt, a été démantelé mardi 3 mai dès 7h du matin. Dans un communiqué, la préfecture d’Ile-de-France indique avoir procédé à la "mise à l’abri" de 108 migrants, dont "105 hommes isolés (…) et trois mineurs".

L’association Utopia 56, qui effectuait des maraudes dans ce lieu de vie informel, affirme de son côté que la majorité des occupants étaient des mineurs isolés en recours, originaires d’Afrique subsaharienne.

L’évacuation s’est déroulée rapidement, dans le calme. "En une heure, tout le monde avait quitté les lieux et nous avons pu récupérer les tentes et les couvertures", rapporte à InfoMigrants Océane Marache, coordinatrice d’Utopia 56 à Paris, présente lors de l’opération. "Les jeunes étaient tellement fatigués qu’ils n’avaient pas d’expression sur leur visage", continue-t-elle.

Les exilés considérés comme majeurs par les autorités ont été pris en charge dans des centres d’hébergements d’urgence de la région parisienne. Ils bénéficieront d’une "évaluation de leur situation administrative, d’un accompagnement social, sanitaire et administratif avant d‘être réorientés vers des hébergements adaptés à leur situation en Ile-de-France", précise le communiqué. Les trois personnes identifiées comme mineurs par la préfecture ont été "orientées par la ville de Paris vers l’Aide sociale à l’enfance", ajoute le document.

"On les a renvoyés" du CAES

Mais plusieurs autres ont à peine eu le temps de passer la porte de leur centre d’accueil qu’ils étaient invités à le quitter. Quelques minutes après leur arrivée dans un CAES (Centre d’accueil et d’examen de leur situation) de Clichy, dans les Hauts-de-Seine, une vingtaine de jeunes étaient en effet déjà contraints de retourner dehors. En cause : leur statut de mineurs en recours.

En attente de la reconnaissance de leur minorité, aucun d’eux ne souhaite déposer un dossier d’asile. "Le personnel leur a dit qu’il fallait demander l’asile pour pouvoir rester dans la structure. Alors, on les a renvoyés avec un document notifiant une fin de prise en charge", explique Océane Marache.

Ces migrants sont donc de nouveau livrés à eux-mêmes et n’ont nulle part où aller. En attendant leur appel auprès du tribunal pour enfants - qui peut durer entre six et 18 mois - les jeunes considérés comme majeurs par les autorités ne sont pas hébergés par les départements et se retrouvent le plus souvent à la rue.

Un camp ciblé par des attaques

Ce campement de la porte de Clignancourt avait été érigé mi-mars après l’évacuation d’un autre camp installé sous un tunnel de la porte des Lilas, dans le nord-est de la capitale.

Le lieu a été ces derniers jours la cible d’attaques de passants. Dimanche 1er mai, quatre hommes avaient débarqué dans le secteur et agressé deux migrants : l’un est sorti des urgences avec un œdème à l’œil, l’autre souffrait de légères blessures aux jambes. Les assaillants étaient repartis en menaçant les exilés, lançant, selon Utopia 56 : "La prochaine fois, on vous descend un par un, on tire dans le tas et on fout le feu au camp’".

Quelques jours plus tôt, un jeune qui se rendait aux toilettes avait déjà été pris à partie par un passant. Enfin, une équipe de la Croix-Rouge en maraude avait vu passer un homme en voiture provoquer les habitants. "Il a crié de sa fenêtre qu’il reviendrait avec une arme pour tirer sur le campement", avait expliqué à InfoMigrants Océane Marache d’Utopia 56.

Dans son communiqué, la préfecture rappelle que depuis le début de l’année, "1 120 personnes ont été mises à l’abri dans le cadre d’opérations régulièrement conduites par les services de l’État".

Voir l’article en ligne : www.infomigrants.net

CP Préfecture ile de France - Porte de Clignancourt