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AMIENS Younoussa, 17 ans, réfugié guinéen et apprenti boucher exemplaire

Publié le 20-05-2015

Source : http://www.courrier-picard.fr

Auteur : Fabrice Julien

Extrait :

"Arrivé à Amiens il y a un an, un jeune Guinéen de 17 ans se révèle en apprenti modèle et se destine au métier de boucher. Un autre regard sur l’immigration, positive.

Les gestes sont précis, organisés, méticuleux. En un tour de main, la volaille est soigneusement ficelée, prête pour la rôtissoire. Dans l’arrière-cuisine de la boucherie Thollas, rue Jules-Barni, près de la gare d’Amiens, Younoussa, 17 ans, semble à son aise. Rien ne laisse supposer que derrière cette silhouette longiligne se cache un novice qui effectue ses premiers pas dans le métier. Ce jeune réfugié Guinéen, débarqué à Amiens il y a un an au terme d’un long et périlleux périple, a débuté son apprentissage dans cette boucherie réputée d’Amiens au mois de septembre. « Ce métier m’a toujours attiré, mais je ne pensais pas que c’était aussi complexe. Il faut connaître les particularités de chaque viande, c’est passionnant. »
Hébergé par France terre d’asile, association habilitée à recueillir les mineurs étrangers isolés, Younoussa partage son temps entre la boucherie et l’Iream, centre de formation d’apprentis. Arrivé sans bagage et sans sou, le jeune homme bluffe son monde. « Il y a très longtemps que je n’ai pas eu d’apprenti de ce niveau-là, s’enthousiasme son patron, le boucher Frédéric Thollas. Il a au moins un an et demi d’avance sur sa formation et il est aussi efficace qu’une personne qui termine son apprentissage. Il a de l’avenir, c’est sûr, et il fera un excellent boucher. »

Meilleur apprenti de Picardie ?

Efficace, sérieux, « toujours à l’heure, et même souvent en avance », Younoussa épate la galerie. À l’Iream, hormis en français, ses notes frôlent partout l’excellence. Au point que ses professeurs envisagent de le présenter au concours des meilleurs apprentis de Picardie, tremplin pour le prestigieux concours des meilleurs ouvriers de France. Et pourquoi pas reproduire l’exploit d’un certain Armando Curri, jeune Albanais de 19 ans désigné début mars meilleur apprenti menuisier de France. Le jeune homme a bien failli ne pas recevoir sa médaille au Sénat, comme c’est la tradition, lorsque l’institution s’est aperçue que cet habitant de la Loire était en situation irrégulière.
Le chemin est encore long, mais Younoussa semble sur la bonne voix. Quelques semaines après le drame survenu le 19 avril dernier au large des côtes libyennes où 800 migrants ont trouvé la mort, et à l’heure de la polémique sur les quotas, le parcours exemplaire de ce jeune Guinéen illustre un autre versant de cette immigration tant redoutée. Ces jeunes, condamnés à fuir la mort et la misère, ne considèrent pas forcément l’Europe comme un exil doré et une vie suspendue aux aides sociales et aux allocations. « Il y a bien sûr des échecs, mais le cas de Younoussa est loin d’être isolé », assure le responsable de cette structure d’accueil."

Voir en ligne : http://www.courrier-picard.fr/regio...