C’est comment ailleurs ? L’accueil des mineurs isolés en Suède

Source : www.francetvinfo.fr

Auteur : Emilie Gautreau

« Deux jours après le démantèlement de la jungle de Calais, les mineurs qui se trouvaient encore sur place ont été conduits vers d’autres villes de France. Là seront étudiées leurs demandes de transfert vers la Grande-Bretagne. La façon dont les mineurs isolés sont accueillis et dont les demandes d’asile sont traitées varie selon les pays de l’Union européenne. Gros plan sur la situation en Suède.

D’après le droit européen, un mineur dit "isolé" est un jeune originaire d’un pays non européen qui est arrivé en Europe seul ou qui a perdu le contact avec son accompagnateur après son arrivée. La Suède a reçu à elle seule l’an dernier 40% des mineurs non accompagnés qui arrivent dans l’Union européenne. C’est le principal pays d’accueil, devant l’Allemagne, la Hongrie et l’Autriche.

Plus de 35 000 mineurs dans cette situation ont demandé l’asile en Suède l’an dernier, sur près de 90 000 enfants et adolescents au total en Europe.

-* L’étape fondamentale : la demande d’asile

700 enfants dans cette situation arrivent donc en moyenne chaque semaine en Suède. La plupart sont des garçons, de 13 à 18 ans. Ils viennent en très grande majorité d’Afghanistan et de Syrie. S’ils sont attirés par la Suède, c’est parce qu’ils savent qu’ils y retrouveront des compatriotes et que le système de demande d’asile est plutôt bien organisé. Le pays a aussi la réputation de bien traiter les réfugiés pendant la procédure d’asile, même si l’afflux de demandes a conduit la Suède l’an dernier à rétablir les contrôles aux frontières. En Suède - contrairement à ce qui se passe en France- le fait d’être mineur ne dispense pas de titre de séjour.

A partir du moment où un migrant demande l’asile il obtient une carte spécifique - la carte LMA- qui ouvre des droits : être hébergé, scolarisé, soigné.

Un accueil des réfugiés mineurs géré par les communes suédoises

La loi suédoise sur les étrangers établit que toute procédure qui implique un enfant doit être traitée en priorité et que l’intérêt supérieur des enfants doit être respecté. À leur arrivée, les mineurs passent des entretiens à l’office national des migrations, en présence d’interprètes. On les interroge sur leur origine, leur situation familiale, leur parcours jusqu’en Suède, leur santé, leurs éventuelles attaches avec un autre pays vers lequel ils pourraient être renvoyés si leur demande était rejetée. Pour l’aider dans ses démarches, chaque mineur isolé reçoit l’aide d’un représentant temporaire nommé par un responsable des tutelles. En attendant d’être fixé sur son sort, l’adolescent est transféré vers un centre de transit, puis vers un logement ou vers une famille d’accueil s’il est très jeune. La procédure est depuis 2006 gérée par les communes suédoises.

Elles sont totalement débordées ces derniers mois. Les travailleurs sociaux, les tuteurs manquent. Les structures d’hébergement aussi. Certaines écoles ont ouvert des classes spécifiques, mais elles sont désormais saturées.

Le cas spécifique des mineurs dont la demande d’asile est rejetée

Lorsqu’un mineur voit sa demande d’asile rejetée, il est considéré comme étant en situation irrégulière. Il doit quitter le territoire. Le bureau suédois des migrations est censé accompagner cette démarche en recherchant la famille du mineur concerné dans son pays d’origine. Les enfants qui choisissent de rester clandestinement en Suède sont désignés par les termes d’ "enfants cachés", avec le risque de devenir la cible de réseaux criminels. D’après l’UNICEF, dix enfants migrants sont en moyenne portés disparus chaque semaine en Suède. »

Reportage disponible ici

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