Calais : Trois mois après la « Jungle », des migrants errent sans solution

Source : www.20minutes.fr

Auteur : Olivier Aballain

Date : 24 janvier 2017

« REFUGIES Reportage à Calais, où les migrants reviennent peu à peu, trois mois après l’évacuation de la « jungle »…

Cela fait trois mois que Calais a tourné la page de la « jungle », ce campement géant de migrants démantelé fin octobre. Mais la ville n’en a pas fini avec les arrivées de ces réfugiés, dont le but reste de passer en Angleterre.

D’après deux associations locales, ils sont maintenant « quelques dizaines » à errer en ville, sans solution d’hébergement. « Ce sont surtout des jeunes, voire des mineurs, qui viennent d’arriver ou qui reviennent car on ne leur a fourni aucune solution », commente Maya Konforti, secrétaire de l’Auberge des Migrants.


Calais, trois mois après le démantèlement de la... par 20Minutes

De son côté, Gael Manzi, de l’association Utopia56, vient tout juste de reprendre les « maraudes », un tour de la ville, la nuit, pour repérer et aider les personnes en détresse. « On en voit de plus en plus depuis la fin décembre. Pas beaucoup, mais chaque semaine un peu plus ».

Démarches légales le jour, passage illégal la nuit

Aman, un Érythréen de 17 ans, qui attend sous un abribus près de la gare, compte parmi ceux qui sont revenus. Il avait passé sept moins dans la « jungle ». « Je suis monté dans un bus avec mes amis, lorsque les premiers incendies ont été allumés. Mais là où je suis allé, rien n’était possible, on ne m’a pas aidé pour aller en Angleterre. »

Faute de cabanon ou de tente, « ils se casent une nuit dans une maison abandonnée, une autre sous un proche ou une pile de pont », explique encore Maya Konforti. Jamais très longtemps : les moyens policiers, mobilisés dans les dernières semaines d’existence de la « jungle », sont restés sur place. La maire Natacha Bouchart (LR) se félicite de ce maintien, et guette les moindres signes de désengagement.

Un hélicoptère équipé de caméras infrarouges

Car pour l’heure, les forces de l’ordre font tout pour éviter une réinstallation. Certaines nuits, un hélicoptère balaie même le secteur avec une caméra infrarouge pour repérer la chaleur humaine, là où il ne devrait y avoir que du bleu froid.

« On voit bien qu’ils [les migrants] sont revenus en ville », commente pourtant Cathy, une Calaisienne de 48 ans, qui va faire ses courses dans le Lidl jadis fréquenté par les réfugiés. « Mais franchement, on ne sait pas où ils se mettent. »

La maire parle d’un « stress qui n’a pas disparu en ville, de voir revenir un phénomène non maîtrisé ». Et effectivement, le phénomène migratoire n’a pas disparu.
En périphérie de la ville, l’Auberge des migrants a fermé l’un de ses trois entrepôts, où elle stocke et prépare la nourriture et le matériel d’aide aux migrants.

Un deuxième entrepôt fermera le mois prochain, mais le principal restera ouvert : on y cuisine encore quelque 500 repas par jour, principalement pour le camp de Grande-Synthe.

Plus de point d’accueil pour les demandeurs d’asile

Maya Konforti ne serait pas étonnée de devoir reprendre les distributions d’aide à Calais. « Ils [les migrants] nous appellent déjà, deux par deux, pour dire qu’ils ont faim. Au printemps, les arrivées vont reprendre, et il n’y aura plus rien pour traiter leurs demandes administratives. Il n’y a donc aucune chance qu’ils repartent ».

Quant aux mineurs isolés, orientés vers le centre d’accueil de Saint-Omer (CAOMI), ils reviennent à Calais dès que possible, de nuit, pour tenter le passage. C’est le cas de Rabei, 16 ans, venu d’Éthiopie par l’Italie, et qui a fait 4 fois la navette, « en train » : « Le jour je suis mon dossier pour rejoindre mon frère légalement en Angleterre, mais c’est long. Alors la nuit, j’essaie de passer ». »

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