Source : www.rfi.fr
Auteur : Anne Le Nir
« L’Italie est le premier pays d’Europe à se doter d’une loi pour renforcer la protection des migrants mineurs débarquant sans famille dans le pays. Cette loi, adoptée par les deux branches du Parlement fin mars, pérennise l’interdiction du refoulement des mineurs non accompagnés et vise à considérer les enfants migrants avant tout comme des enfants, éligibles aux mêmes droit fondamentaux que ceux dont bénéficient les Européens du même âge.
• L’Italie accueille de plus en plus d’enfants isolés ces dernières années. Quels sont les pays d’origine les plus représentés ?
D’après les chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur, en 2016, l’Italie a accueilli 25 846 enfants seuls, principalement des garçons secourus au large de la Libye. Soit deux fois plus qu’en 2015. Et depuis le 1er janvier dernier, plus de 3 000 ont débarqué dans le sud de la péninsule. Actuellement, ces jeunes sont essentiellement originaires de la Gambie, de l’Érythrée ou de l’Égypte.
Le problème, c’est que chaque année, plus de 6 000 s’échappent des centres d’accueil, et font perdre leurs traces, avec tous les risques que cela comporte. Nombre d’entre eux cherchent un moyen pour rejoindre des membres de leur famille, ou des amis, en Europe du Nord. Or, bien souvent, ils se retrouvent pris dans des réseaux de prostitution, de trafic de stupéfiants ou d’exploitation économique qui les réduisent à l’état d’esclave. D’où l’urgence de mesures de tutelle plus fortes.
• En quoi cette nouvelle loi introduit-elle des garanties de protection plus efficaces ?
Les procédures d’identification de ces enfants et adolescents seront effectués non plus dans des hot-spots mais uniquement dans des centres qui leurs seront réservés. Et tous les mineurs bénéficieront d’une autorisation de séjour, après un examen de leur dossier qui ne dépassera pas 30 jours. Ensuite, chaque jeune devrait être hébergé dans une ville ou un village qui adhère au système de protection pour les demandeurs d’asile et réfugiés (Sprar) mis en place par le ministère de l’Intérieur.
Ce qui signifie une assistance plus rapprochée, avec l’aide de médiateurs culturels, d’éducateurs et de psychologues, présents dans toutes les étapes du parcours d’intégration. Par ailleurs, une banque de données nationale va permettre d’enregistrer les mineurs identifiés afin de faciliter leur recherche soit de la part de leur famille soit de la part des autorités. La loi vise aussi à développer l’accueil des enfants dans des familles. Et ce point est humainement très important.
• La scolarité sera-t-elle garantie pour tous les migrants mineurs ?
Sur le principe, oui. Et la figure du tuteur légal sera centrale pour l’inscription dans un établissement scolaire ou pour la garantie d’accès à tous les soins, dès que les démarches pour l’obtention d’un titre de séjour seront entamées. Pour les adolescents, des conventions de stage d’apprentissage avec certaines entreprises sont également prévues.
L’objectif est de donner aux mineurs un cadre nettement plus sécurisant, favorable à leur épanouissement. Il est salué tant par l’Unicef qui souhaite que ce modèle inspire d’autres pays européens, que par des organisations comme Save the Children, très active dans la défense des droits des enfants. »