Source : www.oxfamfrance.org
Date : 14 juin 2018
Présentation :
« Oxfam publie le rapport « Nulle part où aller » qui détaille l’échec de la France et de l’Italie à aider les réfugié-e-s et migrant-e-s échoué-e-s à la frontière vers Vintimille. Le rapport raconte comment des enfants d’à peine 12 ans sont maltraités, détenus et renvoyés illégalement en Italie par la police des frontières française.
Le rapport « Nulle part où aller » détaille comment le système d’accueil italien, submergé par les demandes et très bureaucratique, laisse des réfugiés vulnérables et d’autres migrants vivre « sous le radar » dans des conditions dangereuses. Le rapport décrit la manière dont la police française arrête quotidiennement des enfants non-accompagnés et les met dans des trains en direction de l’Italie après avoir modifié leurs papiers pour prétendre que ces enfants sont plus âgés ou qu’ils souhaitent retourner en Italie de leur plein gré.
Les enfants signalent avoir été maltraités physiquement et verbalement, et détenus de nuit dans des cellules sans eau, sans nourriture, sans couvertures, et sans avoir accès à un tuteur officiel, ce qui est contraire aux lois françaises et européennes en vigueur. Le personnel d’Oxfam et les partenaires impliqués font état de cas où les garde-frontière coupent les semelles de chaussures des enfants migrants ou volent leur carte SIM. Un des cas concerne une jeune Erythréenne, qu’on a forcée à repartir le long d’une route sans trottoir, son bébé de 40 jours dans les bras.
Claire Le Privé, responsable de la campagne Humanitaire d’Oxfam France déclare : « Les enfants, femmes et hommes fuyant la persécution et la guerre ne devraient pas avoir à souffrir encore d’abus et de négligence de la part des autorités françaises et italiennes. Dans trop de cas, le manque de services et d’information minimum que devrait donner le système d’accueil italien force les personnes à vivre dans des situations précaires et dangereuses. Ces personnes désirent simplement une chose : demander l’asile dans un pays où résident les membres de leur famille, or leurs démarches sont entravées à la moindre occasion.
Au moins 16 500 migrants (dont un quart sont des enfants) ont passé la frontière par la ville de Vintimille entre juillet 2017 et avril 2018, un chiffre qui devrait augmenter pendant l’été. La majorité de ces migrants fuit la guerre et les persécutions subies dans des pays comme le Soudan, l’Érythrée, la Syrie et l’Afghanistan. La plupart d’entre eux essayent d’atteindre des pays comme la France, la Grande-Bretagne, la Suède et l’Allemagne où ils espèrent rejoindre de la famille ou des amis.
Beaucoup d’enfants non-accompagnés expriment leur sentiment d’abandon dans les centres d’accueil où ils n’ont accès à aucune scolarité ou formation, et où ils n’ont pas d’information sur la façon dont ils peuvent demander l’asile ou retrouver des membres de leur famille dans d’autres pays européens. Après des mois d’attente, voire des années, nombre d’entre eux décident de tenter leur chance et de continuer leur périple seuls. Les autres sont mis à la porte des centres dès qu’ils atteignent la majorité.
Le seul centre d’accueil près de Vintimille, le camp de Roja, fournit un hébergement basique pour 444 personnes. Mais le manque d’information, la forte présence de policiers à l’entrée, l’obligation de laisser ses empreintes digitales et les évacuations forcées régulières dissuadent la plupart des migrants d’y rester. De ce fait, nombreux sont ceux qui dorment sous l’autoroute surélevée à la sortie de la ville, où il n’y a ni toilettes ni eau potable, où les tentes et cabanes en carton sont fréquemment détruites sur ordre des autorités locales. Les migrants et réfugiés n’y sont pas en sécurité.
Le personnel Oxfam travaillant dans cette zone rencontre fréquemment des familles, des femmes enceintes et des enfants non-accompagnés vivants dans ces conditions. Parmi eux, des survivants de viol et de torture en Libye, étape par laquelle ils sont passés en tentant de rejoindre l’Italie.
Claire Le Privé ajoute :« L’Europe doit réparer son système d’asile et partager la responsabilité de l’accueil des réfugiés entre ses différents pays. Les gouvernements et les autorités responsables aux frontières devraient respecter les besoins spécifiques et protéger les droits des enfants, au lieu de les renvoyer dans d’autres pays. Et ces enfants ne devraient pas être emprisonnés ou sujets à de quelconques traitements dégradants. »
Le rapport appelle les membres des pays de l’UE à s’assurer que la responsabilité des réfugiés est partagée de manière équitable entre les pays concernés. Cela doit être fait en respect du règlement de Dublin qui définit quel état est responsable de la gestion des demandes d’asile. L’UE est aussi appelée à prendre en compte les besoins légitimes des demandeurs d’asile et à s’assurer que les procédures de rapprochement familial fonctionnent efficacement et que les obstacles administratifs ne les ’empêchent pas. Le rapport appelle le gouvernement français à stopper immédiatement le renvoi illégal d’enfants en Italie, et à mettre un terme aux pratiques illicites de la police française et de ses autorités aux frontières. »
Rapport disponible en format pdf :